PAGE SÈCHE et ENCRE SYMPATHIQUE

Balourd 10, que ne rebute pas l'emploi de l'encre sympathique, n'entretient pas pour autant la phobie de la page blanche. (Une encre sympathique devient invisible en séch

dimanche 29 novembre 2009

VISUEL

Message
Écriture cunéiformoïde sur fragment de roche. Tracé vif et racé.
Les connaisseurs en penserons beaucoup, c'est leur métier ; nous nous contenterons de diffuser ce document sans l'alourdir de commentaires.

Photo : ombre portée sur un bloc de syénite, chutes de Luskville (Québec), juillet 2009.

vendredi 27 novembre 2009

CATÉGORIQUE ET APPROXIMATIF

Culture
Un être humain normal est, sauf rarissimes exceptions, allergique à 75 % de la production culturelle de son temps. Autrement dit, 78 % (j'ai raffiné mon estimation) des livres, films, pièces de théâtre, etc., le laissent froid quand ils ne lui donnent pas carrément de l'urticaire.

S'il n'en tenait qu'à une seule personne prise au hasard, 82 % de la production contemporaine irait aux poubelles, pour motif d'indifférence ou d'insupportabilité caractérisée (données mises à jour).

(Parenthèse : il s'ensuit, me direz-vous, que 89 % de la population du globe décideraient de supprimer mon blogue de la toile si on offrait à tous l'opportunité de procéder à un tel ménage. Que non, mesdames, messieurs : mon blogue n'est pas un produit culturel. Il échappe donc à ces dévastatrices statistiques – que j'ai nettoyées d'une coquille en passant.)

L'important réside en ceci : la vie culturelle de la plupart d'entre nous, exception de quelques insensibles au cuir à l'épreuve de tout, se résume à un slalom sans fin entre les œuvres à éviter et à de risibles efforts pour échapper aux «incontournables» (soit, au total – révisé –, 98 % de la production).

mercredi 25 novembre 2009

C'EST PAS MOI QUI L'AI DIT

Peau courte
Quand j'étais jeune et que je commettais une imprudence du type sortir en hiver sans foulard, mes parents me prédisaient que je mourrais de la «peau courte». Cette étrange maladie semble avoir été éradiquée depuis ; en effet, l'évocation même du mal ne recueille plus aucun écho et l'histoire des anciens cas a sombré dans l'oubli.

lundi 23 novembre 2009

C'EST PAS MOI QUI L'AI DIT

Admirations

Billet remis en page et retouché le 22 janv. 2022.

On demande parfois aux gens quelles sont les figures historiques qu’ils admirent le plus (supposant sans doute que chacun entretient une galerie de héros bien étiquetés dans sa tête). Personne ne m’a jamais interrogé, mais comme je n’aurais sans doute pas su quoi répondre, c’est heureux pour moi. Dans le cas où la chose surviendrait, je répare de suite cette lacune et mon manque appréhendé d’esprit d’à-propos.

3e position

Pyrrhus Ier (v. 318-272 av. J.-C.), roi d’Épire

Après une victoire couteuse en hommes contre les Romains, il aurait déclaré :
Une autre victoire comme celle-là et nous sommes perdus (1).

Pyrrhus n’a pas inventé le Think Positive. Mais déjà, être roi « des Pires », avouez…

2e position

Oliver Cromwell (1599-1658), lord-protecteur du Commonwealth d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande

Au terme de la guerre civile anglaise qu'il avait remportée, une foule en liesse descendit dans les rues acclamer Oliver Cromwell à son entrée à Londres. Comme l'enthousiasme général lui valait les félicitations de ses lieutenants, Cromwell, pas plus impressionné, leur aurait rétorqué :
Ils seraient encore plus nombreux à venir me voir pendre (2).

Phrase que tout politicien au faîte de sa popularité ferait bien de méditer (3)…

Première position

Constance Chlore (v. 250-306), empereur romain

Après un carrière militaire et politique dont nous nous fichons, a réalisé un recyclage unique dans l’Histoire en devenant en 1966 Constance Chlore, amie et confidente de Bérénice Einberg, personnage du roman L’Avalée des avalés de Réjean Ducharme. Rôle moins belliqueux et moins majestueux, certes, mais beaucoup plus fait pour attirer la sympathique (4).
Cet empereur ne semble avoir laissé aucune déclaration digne de passer à l’Histoire.

Constance Chlore a été le père de Constantin, premier empereur romain chrétien, ce qui n’apporte pas vraiment d’huile à notre lanterne.

Ajout (23 juillet 2023)

À propos de Constance, j’ai lu ceci en 1991, plusieurs années après avoir lu Ducharme, sans relever ce passage qui ne me saute aux yeux que trente ans plus tard. Ducharme avait peut-être puisé son inspiration chez Barbey d’Aurevilly – ou alors il aura lu Gibbon :

La comtesse du Tremblay de Stasseville était une femme de quarante ans, d’une très faible santé, pâle et mince, mais d’un mince et d’un pâle que je n’ai vus qu’à elle. […] Sa pâleur teintée de soufre était maladive.
Elle se fût nommée Constance, – disait Mlle Ernestine de Beaumont, qui ramassait des épigrammes jusque dans Gibbon, – qu’on eût pu l’appeler Constance Chlore.

Jules Barbey d’Aurevilly, « Dessous de cartes d’une partie de whist », dans Les Diaboliques.

Ce qui prouve qu’il ne suffit pas de lire, il faut aussi relire.

. . .

dimanche 22 novembre 2009

ÇA VA SANS DIRE

... me dit-elle :
— J'aime être inconsciente. Qu'on y pense, vers quoi tendons-nous chaque instant ? À l'émerveillement, à la fureur, à l'ivresse, à la fusion (amoureuse, érotique, mystique), à tout ce qui nous extrait, nous expulse, nous immerge ou nous absorbe. Être, quel ennui. Vite, un livre, un paysage, une musique, des yeux, un corps pour m'oublier. Où en étais-je ? Être ou ne pas être, pour moi, la question est vite réglée.

La Béotie 2009
Pourquoi elle, pourquoi moi ? Parce qu'elle était là, parce que j'y étais aussi. Avantage à la géolocalisation sur l'ontologie.

samedi 21 novembre 2009

N'IMPORTE QUOI

Raccords

Nous vivons à l'époque – triste époque – de la femme à coutures. Je fais allusion à cette cuirasse composée d’étroits fuseaux raboutés par un réseau de coutures en relief ayant la délicatesse de raccords de soudure : le jean.

Pour mieux galber les formes féminines, paraît-il. À croire que lesdites formes sont sillonnées d'un réseau de scarifications longitudinales.

Les doubles rondeurs des fesses féminines – les seules qui importent sur terre – s’effacent sous la multiplication croisée de nervures hypertrophiées (auxquelles s'ajoutent les coutures des pièces rapportées que sont les poches) au point de présenter le faciès – si l’on ose dire – d’un caparaçon de tôles rivetées.

Il ne manque même pas les têtes de clou pour parfaire l'illusion.

L'œil qui cherche une surface à caresser de la main, déçu dans ses espérances, se déporte vers l'horizon, tout chargé d'un regard triste et lointain. (Note. – Revoir cette phrase.)

Triste, triste époque.

vendredi 20 novembre 2009

VISUEL




Un Munch sur un petit pont.

Plus bas, le même, ou son frère, sur un plus gros pont, plus jovial et sans le Cri.

Photos prises à Gatineau (Québec)

jeudi 19 novembre 2009

VISUEL

Les oiseaux se cachent pour mourir... ... disons plutôt qu'ils font l'autruche.

mercredi 18 novembre 2009

N'IMPORTE QUOI

Blocs
L'Égypte ancienne nous montre ce que valaient les gens d'avant l'époque du multitâche ; vingt ans rien qu' à tirer de gros blocs de granit et on inaugure la Grande Pyramide.
Le monotâche avait du bon.

dimanche 15 novembre 2009

VISUEL




La nature, parfois, aime emprunter des chemins de traverse.

samedi 14 novembre 2009

N'IMPORTE QUOI

Dive bouteille
Car tel est le triste sort des bouteilles lancées à la mer ; la plupart reviennent se fracasser sur le rivage d'où elles ont été lancées et leurs fragments, sans cesse repris par le ressac, fournissent de jolis échantillons aux collectionneurs de tessons de verres dépolis.

mercredi 11 novembre 2009

ÇA VA SANS DIRE

Blogue
L'une des conséquences les plus étranges de la tenue quotidienne d'un blogue est qu'on en arrive à se lasser de soi-même. La pleine prise de conscience de ce phénomène explique qu'on ne trouve pas ici le filandreux billet que j'avais concocté aujourd'hui.

lundi 9 novembre 2009

ÇA VA SANS DIRE

Dit-elle, dit-il
– Les gens n'appartiennent à personne...
– Dommage, il y en a qu'on aimerait rapporter à leur propriétaire...

Allo ? Houston...
Julie Payette, à bord de la sation orbitale, était plus en lien avec la planète que moi qui ai passé la fin de semaine sans radio ni télévision.

vendredi 6 novembre 2009

ÇA VA SANS DIRE

La nostalgie n'est pas ce qui était
C’est comme ça – on s’est ennuyé ferme puis, quelques semaines, quelques mois plus tard, des années après, nous reviennent des images anodines, nimbées d’un charme fou.

Vieille maison
Les boiseries, les moulures, nappées de couches de peintures successives, recouvertes d’un généreux crémage, me fascinaient ; repeindre le monde pour arrondir les angles et noyer les apérités.

Bucolique
La campagne a bien du charme. C’est plein de nature, à ras bord, et ensuite, ce n’est jamais loin de la ville. Pour quitter la ville, suivre l’asphalte. Pour quitter la nature, même chose, mais dans l’autre sens. Demandez votre chemin en chemin. La nature – je le sais, j’ai déjà visité –, c’est tout ce qui pique : les foins, les plants d’orties, les maringouins. C’est aussi tout ce qui fait du bruit. Le voisin, en ville, n’oublie pas qu’il a des voisins ; à la campagne, le voisin ne s’imagine même pas qu’il est un voisin. Alors, il fait du bruit sans retenue : moto-marines, véhicules tous-terrains, chiens-qui-aboient-même-sans-caravane-qui-passe, scies à chaine, etc. La campagne est surpeuplée, faute d’habitants en densité suffisante.

jeudi 5 novembre 2009

ÇA VA SANS DIRE

Anatomie amoureuse
Le mince film d’épiderme qui recouvre nos corps est formé de cellules mortes ; les cheveux, et tout le reste du système pileux avec, sont également constitués de cellules passées date. C’est ce que nous caressons et embrassons en faisant l’amour. D’où il s’ensuit que nous sommes tous un peu nécrophiles.

Au menu
Ceci pourrait expliquer en partie l’engouement actuel pour l’épilation. Quant à la peau, si personne ne veux de nos cellules mortes tandis qu’elles nous habillent, les acariens s'en repaitront au fur et à mesure qu'elles se détacheront de nous.

À vif
Évidemment, n’aimer que des personnes écorchées vives résoudrait en partie le problème, mais penser à autre chose me paraît une solution de loin préférable.

mercredi 4 novembre 2009

ÇA VA SANS DIRE

Camisole de force
L'humanité est peuplée de fous et chacun se prend pour le gardien de l'asile.

Elle dit :
J’aime lire. Ça ne fait pas de bruit. Rien que le frottement des pages. Un «slurp» de temps à autre – gorgée de café. L’air du temps, limpide, comme il l’est toujours, mais on ne s’en rend pas compte. Si le cerveau avait des gargouillis – digestion de lectures ou macération d’idées noires… Tu imagines, au restaurant ou dans l’autobus, un gargouillis cérébral d’appétit sexuel !

Salades
Je me suis rendu compte que quelque chose n’allait plus quand j’ai trouvé du réconfort au sourire des salades.
Les pommes de laitues me souriaient au supermarché. En amoncellement, en troupeau, en meute, en tas ; leurs joues rondes de bonnes poires, contenues par les mailles d’un treillis en plastique qui laissait s’échapper ça et là la frisure délicate d’une feuille humectée de quelques gouttes d’une rosée artificielle, étaient d’un vert si tendre, d’un vert si rempli de soleil que j’en étais à mon tour attendri et béat.
C'était un signe, assurément. Mais de quoi ?

mardi 3 novembre 2009

ÇA VA SANS DIRE

Image
Une image vaut mille mots ; jamais ceux qu'il faudrait.

But en blanc

Elle me demanda si j'avais un but précis en créant ce blogue. Je lui répondis : «Un but ? Je présume que celui qui empile des briques veut faire un mur, celui qui enfile des perles, un collier, et que celui qui met un pas en avant de l'autre ne veut peut-être que se dégourdir les jambes.»

Nostalgie
Ah! les jeunes de nos jours... Et les vieux ! Ceux d'aujourd'hui valent-ils seulement ceux d'autrefois ? Non, vraiment, plus rien n'est comme avant.

lundi 2 novembre 2009

ÇA VA SANS DIRE

Le vide et le plein
— J’aime l’observer sans qu’elle s’en rende compte. Quand elle lit ou tout simplement rêvasse ; son visage me semble alors refléter une vie intérieure dont je ne peux que soupçonner la richesse…
— La pire des choses à faire dans ces situations serait de lui demander : «À quoi tu penses ?»
— Elle répondrait «À rien» ou, pire, me dirait la vérité, banale et sans intérêt. Il n’y a pas assez d’humains sur terre pour contenir toute la vie intérieure que chacun devine chez autrui. Paradoxe de l’humanité : plein comme un œuf vue du dehors, coquille vide considérée du dedans…
— Et tout le monde s’imagine être la seule coquille vide de l’Univers…
— Tu as tout compris.

Journal
Que faire quand il pleut. Ouvrir son journal et écrire : «Il pleut.»

Mer de Chine
Pendant longtemps, j’ai cru que la ville de Jonquière était bâtie sur les bords du canal Lachine parce que je supposais un lien entre son nom et les jonques chinoises. Penser trop loin est souvent penser mal.

dimanche 1 novembre 2009

ÇA VA SANS DIRE

En toute franchise
Elle me dit : «La dernière personne avec qui j'ai été franche était vraiment la dernière des personnes.»

Parenthèses
(Après, je suis d’une compétence rare. Pendant, c’est une autre paire de manches, les choses ne deviennent évidentes qu’ensuite, quand les faits se métamorphosent en événements historiques. Pour l’information continue, je suis zéro, je n’excelle qu’en récits de jadis et de naguère, en faits revisités, synthèses et analyses après-coup. J’ai l’esprit de l’escalier – et mon escalier est bâti en colimaçon, ce qui explique le léger tournis qui affecte mon esprit et qui, parfois, propulse mes propos dans une déconcertante trajectoire spiralée.)

Poire
Elle me disait : «Quand on parle de couper la poire en deux, je me sens toujours visée.»