Lecteur universel

Une amie qui tenait un journal intime me disait qu’elle s’inquiétait toujours du jugement d’un éventuel lecteur. Elle n’aurait pas voulu passer pour une folle à ses yeux. Elle pesait ses mots en conséquence.


Ceux qui disent qu’ils écrivent pour eux-mêmes, c’est d’abord eux-mêmes qu’ils veulent tromper. Tout le monde écrit pour gagner l’approbation du lecteur hypothétique de mon amie (c’est le lecteur universel de tous les écrits, secrets ou non).

À défaut de lecteurs, espérés ou craints, on écrit pour les mériter.

On écrit pour être lisible.

Billet paru le 24 mai 2022 dans mon autre blogue, Propos hors propos.

Vous êtes, donc je suis ?

Dans la mesure où chaque être humain est potentiellement tous les autres (les différences individuelles sont des insignifiances dont nous grossissons l’importance par coquetterie), est-ce qu’il suffit que quelqu’un existe pour que j’existe virtuellement aussi ?

Billet paru le 23 mai 2022 dans mon autre blogue, Propos hors propos.

Pensif éléphant

L'éléphant est l’animal le plus improbable qui soit. Qui aurait pensé doter un tonneau d'un tel volume d'une trompe en serpentin et d'oreilles battant l'air comme les portes d'un saloon ? (La baleine, pareillement massive, confine du moins sa pesanteur dans un profil élancé, épuré de tout accessoire inutile.)

Mais je crois que le plus étrange chez l'éléphant est le port dodelinant de sa tête énorme au front convexe comme celui d'un enfant et traversé de profonds sillons comme celui d'un vieillard.

Si l’homme est un roseau pensant, comme le disait untel, l’éléphant est-il une masse pensive ou bien un bébé né avec ses rides ?