PAGE SÈCHE et ENCRE SYMPATHIQUE

Balourd 10, que ne rebute pas l'emploi de l'encre sympathique, n'entretient pas pour autant la phobie de la page blanche. (Une encre sympathique devient invisible en séch

samedi 28 mars 2020

Covid-19 : journal de confinement


J'ai fait une promenade cet après-midi pour faire le plein face à la Covid-19. Il y avait un nombre inhabituel d'adultes qui se promenaient avec leurs enfants. Les pauvres parents, dans l'impossibilité de les envoyer jouer ailleurs, sont en confinement avec leurs rejetons même à l'extérieur...

Le silence dans mon immeuble de 14 étages est hallucinant ; plus d'allées et venues de locataires, circulation minime sur le boulevard et sur l'autoroute. Mon bruit de fond quotidien a disparu. Atmosphère paisible et quand même un peu angoissante.

Je réfléchis au sens de la vie, confinement oblige. J'ai l'impression que ce n'est pas moi qui vais résoudre ce vaste problème. Le temps qu'on perd tous depuis le début de l'humanité à se poser les mêmes question et à ne pas plus s'approcher de la réponse les uns que les autres.

lundi 23 mars 2020

Covid-19 : malheureux, le Minotaure ?


En cette période d’isolement, on se sent un peu comme le Minotaure au milieu de son labyrinthe : personne ne trouve le chemin pour nous joindre et nous-mêmes ne trouvons plus celui de la sortie.

Faut-il plaindre le Minotaure ? À trop chercher la lumière au bout du tunnel, on oublie celle qui brille au cœur du labyrinthe.

Voyez votre Minotaure, ou plutôt, imaginez-le dans son fauteuil, le profil révélé par l’éclairage tamisé de l’abat-jour ; à l’aide de quatre doigts, sans le concours du plus petit (le Minotaure est un être raffiné), il maintient suspendue en l’air une tasse de porcelaine d’où se déroulent les volutes d’une tisane odorante ; de l’autre, il garde ouvert sur ses genoux le volume qu’il se promettait depuis si longtemps de lire ou de relire.

Aucun bruit. Rien que le frottement des pages, un « slurp » de temps à autre (gorgée de tisane). Le cerveau n’a pas de gargouillis, ses digestions, ses assimilations, sont silencieuses.

Alors, malheureux, le Minotaure ?

(On peut remplacer la tisane par un autre liquide et la tasse par le contenant approprié.)


Henri Lessard, publié le 23 mars 2020 dans la page Facebook des Éditions L’Interligne (mon éditeur : Grève des anges : nouvelles, 2019).

mardi 17 mars 2020

La vie aux temps de la COVID-19


En ces temps d'isolement volontaire, on se sent un peu comme le Minotaure au milieu de son labyrinthe : personne ne trouve le chemin pour nous joindre et nous-mêmes ne trouvons plus celui de la sortie.

Version longue 

Isolation

Cette année-là, la période d’hibernation terminée, les gens se sont empressés de se claquemurer au lieu de courir se chauffer au soleil.

De rares piétons ne sortaient pas sans apporter un balai. Non pour œuvrer au ménage du printemps, mais pour tenir à bonne distance les autres assez audacieux pour se risquer dehors.

— On se sent un peu comme le Minotaure au milieu de son labyrinthe : personne ne trouve le chemin pour nous joindre et nous-mêmes ne trouvons plus celui de la sortie, m’a dit mon voisin de palier sur le seuil de sa porte et derrière son masque.

Une fois que je me fus assez éloigné, il pulvérisa du désinfectant dans l’air et sur les traces de mes pas.

Les parents s’enfermaient avec leurs enfants à domicile : j’appréhendais les cas de cannibalismes à venir, destinés à masquer ou à justifier d’inévitables infanticides.

Les malheureux qui n’habitaient pas avec leur partenaire dormaient seuls sous la couette.

Grâce au télétravail, les personnes en couple découvraient qu’elles ne s’étaient mutuellement supportées jusque-là que dans la mesure où le boulot, les activités et les amis leur évitaient de se côtoyer vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Les malheureux qui n’habitaient pas avec leur partenaire dormaient seuls sous la couette. Les sites de rencontres fermaient, ne servant plus à rien.

Les personnes qui avaient de l’âge se méfiaient de celles qui en avaient moins.

Pour me consoler, je pense à l’automne, à la lumière de l’automne. C’est beau l’automne et, assez souvent, tiède. Même chaud, parfois.

vendredi 13 mars 2020

Purée !, plus de Purell


À force d'avoir mes mains dans le Purell, mes ongles ont fait une cirrhose.

Variante

À force de tremper dans le Purell, mes mains ont échoué à un alcotest.