PAGE SÈCHE et ENCRE SYMPATHIQUE

Balourd 10, que ne rebute pas l'emploi de l'encre sympathique, n'entretient pas pour autant la phobie de la page blanche. (Une encre sympathique devient invisible en séch

lundi 29 décembre 2014

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Dit-elle, ou les misères de ma voisine.

Je prends toujours mon bain dans une eau mousseuse, dit-elle. Assise dans une baignoire remplie d'une eau plate, si je puis dire, mon regard est immanquablement attiré, à travers la masse translucide, par la blancheur de l'émail et ses vastités glacées. Il s'ensuit des méditations désolées qui rendent la baignoire inhabitable.

Sauf à convaincre le propriétaire de faire émailler ma baignoire en rose, je ne vois pas d'autre solution que d'user et abuser de la mousse de bain.

dimanche 28 décembre 2014

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Aqua bon

La vie est née dans l'eau, nous ne sommes que des poissons attardés trop longtemps sur la terre ferme ; le corps humain, dans chacune de ses cellules, contient un petit océan intime, reliquat égoïstement préservé de la piscine originale. Qu'il soit encore possible de se noyer après ça me remplit d'étonnement.

vendredi 26 décembre 2014

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Zzz, etc.

« Je suis fais cependant pour une paresse intelligente. » 

Journal de l'abbé Mugnier (1879-1939)*, Mercure de France, coll. « Le Temps retrouvé », p. 367.
 
* Voir également billet du 11 nov. 2014.


mercredi 24 décembre 2014

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Paraphrase

«Dans le désert, on est toujours au centre.»

Adapté de Jorge Luis Borges, «Le Cauchemar», dans Conférences, coll. «Folio/Essais», no 2, traduit de l'espagnol par Françoise Rosset, Gallimard, 1985, p. 51.

mardi 23 décembre 2014

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Les fêtes sur le faîte


Certains n’hésitent pas à se jucher à des hauteurs improbables pour voir venir les fêtes.

Elles arrivent, rien ne sert de s’énerver. Elles arrivent et je vous les souhaite très bonnes et très belles.

Photo : récupération de vieilles choses ; bonhomme de neige : anonyme.

samedi 20 décembre 2014

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Concerné

Je fréquente ce café. Je suppose que ce message à la clientèle s'adresse aussi à moi.


Un café à Ottawa, 19 déc. 2014.

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Puzzle

Sans échelle.


Rivière des Outaouais à Gatineau, 12 déc. 2014.

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Question de contraste

Les jours rapetissent, les ombres s'allongent.

Ou alors, on les voit mieux sur la neige.




Photos Ottawa, 4 déc. 2014.

mardi 11 novembre 2014

On arrête pas le Progrès et le Démon de la Vitesse


On arrête pas le Progrès et le Démon de la Vitesse


« On n'est plus chez soi maintenant. On le sera de moins en moins. Rayons X qui vous pénètrent. Kodaks qui vous photographient au passage. Phonographes qui pressent vos paroles. Aéroplanes qui vous menaceront d'en haut. » (Entrée du 22 nov. 1910, Journal de l'abbé Mugnier, Mercure de France, coll. « Le Temps retrouvé », p. 196.)

Qu'est-ce qu'il dirait aujourd'hui, l'abbé Mugnier...


« Mais elle-même [la dactylographe] peut s'en prendre, non moins justement, à sa machine, dont le maniement la distrait du sens de ce qu'elle copie, et qui est capricieuse, inconfortable, énervante, comme la plupart des instruments inventés pour épargner du temps et qui ont en eux un Démon de la Vitesse qui bâcle et gâche à plaisir le travail qu'on leur confie. » (Valery  Larbaud, Sous l'invocation de saint Jérôme, Gallimard, 1946, 9e éd., p. 322. Livre sur la traduction littéraire n'ayant rien de religieux malgré le titre, l'invocation étant adressée pour la forme au saint patron des traducteurs.)

Du « Démon de la vitesse » à nos ordis inconfortables et autres téléphones énervants et distrayants, le progrès est immense, et pas seulement pour la dactylographe !

NOUVEAU MESSAGE


Oups !

mercredi 5 novembre 2014

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Dit-elle, ou les aphorismes de ma voisine.

Je suis majeure, dit-elle, la vie peut faire de moi ce qu'elle veut.

lundi 29 septembre 2014

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Suis-je russe au fond du cœur ?

Le sourire perpétuel des Américains, le même que l'on retrouve sur toutes les affiches et dans toutes les publicités, me tombe sur les nerfs. (J'en ai déjà parlé ici.)

À la lecture de cet article d'Anton Malafeev, je me sens tout à coup moins seul.

Pourquoi les Russes sourient moins que les Occidentaux

(Dans le Huffington Post français.)

Aurais-je une âme slave ?

lundi 15 septembre 2014

Recueillement




Parfois, en ses moments de recueillement, l'homme – puisque c'est bien de l'homme dont il est question ici – laisse son front d'incliner vers le sol.

Certaines bonnes âmes ont obligeamment pourvu à l'appui qui manque épisodiquement à son crâne lourd de pensées.


Qu'elles en soient remerciées.



Photos (janv. 2009) : urinoirs avec appui-tête capitonnés (restaurant de Chelsea, en Outaouais, Québec).




jeudi 11 septembre 2014

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La vérité de front

Le feuilleton le plus palpitant de ce blogue est sans nul doute celui qui documente la réduction du cerveau humain depuis 30 000 ans. (Lien)

Aujourd'hui, nouvel épisode très attendu où il appert que l'avenir appartient bien aux petites têtes, du moins à celles qui auront du front ! (Lien)

mardi 17 juin 2014

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Abribus

C'était le matin, je me rendais au travail, irrité contre le vent froid qui me forçait à marcher le menton dans le collet. Parvenu à une intersection, je constate, levant les yeux à droite, que les feux de circulation autorisent les piétons à traverser le boulevard. Bref coup d'œil à gauche, histoire de m'assurer que les voitures se sont bien immobilisées. J'aperçois, de l'autre côté de la chaussée, l'inévitable abribus, boulonné au paysage depuis des années. La vision, parfaitement claire, s'efface aussitôt. En effet, j'ai relevé la tête, étonné ; l'abribus a été démonté la veille, il ne peut pas être là.

De fait, il n'y est pas.

Le miragea été aussi net qu'il a été bref, à peine une fraction de seconde. Rien pour affecter le rythme de mes pas.

Simplement, mes yeux, habitué à observer la scène matin après matin depuis le même coin de l'intersection, avait planté le décor d'avance, obligeant mon esprit à intervenir en toute hâte pour rectifier les choses et ramener mes sens à la réalité. 

Ou, mieux, à l'observation de la réalité, et non à sa reconstitution d'après souvenirs.

Si brève qu'elle ait été, ma vision de l'abribus m'avait permis d'apprécier le poli de son cadre en alumium. Je m'étais paresseusement servi un abribus vide.

Ma première question est : si l'abribus avait toujours été en place, s'il y avait eu des gens attendant l'autobus, comment se serait opéré la l'insensible transition entre l'abribus vide tiré de ma mémoire et l'abribus réel, avec des gens à l'intérieur ou devant ses baies vitrées ?

Deuxième question : combien de fois, croyant voir l'abribus réel, j'avais vu en réalité un abribus mnémonique ?

Troisième question, combien de fois par jour est-ce que je me joue à moi-même de semblables tours ?

Enfin, ultime et seule vraie interrogation, est-ce grave docteur ?

PS. – L'abribus a été remonté peu après son démantèlement.


L'abribus, avant son démontage-remontage.
(Voir billet du 1er mars 2013.)

lundi 16 juin 2014

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Appel à tous

On recherche d'éventuels témoins pour faire la lumière sur un triple crime sordide qui s'est déroulé sur le pont Alexandra, entre Gatineau et Ottawa.

Les sympathiques gardiens jaune fluo en faction permanente sur le passage piétonnier ont été agressés et démembrés. Leurs restes exsangues, d'une blancheur cadavérique (et pour cause !), ont été jeté çà et là, et gisent encore sur le pont au moment où ces lignes sont diffusées.

Si vous avez été témoin du crime ou, simplement, si vous pensez avoir aperçu quelque chose en relation avec l'affaire, n'hésitez pas !


Avant : de fiers petits bonshommes.


Après (et maintenant) : deux têtes, des troncs, des bras et des jambes : qui pourra reconstituer nos trois vaillants gardiens ?

vendredi 21 mars 2014

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Distraction

Le travail a été inventé pour qu'on ne s'ennuie pas au boulot.

(Est-ce qu'on appelle une activité tautologique ?)


jeudi 20 mars 2014

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Profonde superficialité

Je propose ici une liste d'un genre inusité : celle des livres achetés pour leur titre.

Elle ne compte que d'excellents livres, tous dignes de figurer parmi mes favoris.

Comme quoi, si on ne juge pas un livre d'après sa couverture, s'enfoncer d'un cran dans la superficialité (dans la mesure où l'on peut s'enfoncer dans la superficialité) en jugeant un ouvrage d'après son seul titre peut s'avérer, si l'on en juge d'après les résultats, une méthode étonnamment profitable. :

  • Ma vie amoureuse et criminelle avec Martin Heidegger (roman), Gerald Messadié, Éditions Robert Lafont, 1994. (Lu en 1996.)
  • The Origin of Consciousness in the Breakdown of the Bicameral Mind, Julian Jaynes, Houghton Mifflin Company (essai), 1976. (Lu en 2013, mais j'en avais vu des allusions dans d'autres textes.)
  • La Chine m'inquiète (pastiches littéraires), Jean-Louis Curtis, Grasset, 1972. (Lu vers 1976, acheté à nouveau en 2007.)
  • La haine de la musique (essai). Pascal Quignard, Calmann-Lévy, 1996. (Lu en 2007.)

dimanche 16 mars 2014

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Les cendres de la passion

Si j'avais à déclarer ma flamme, je ne choisirais pas un éteignoir (à cigarettes !, en plus) pour l'exprimer publiquement.


Ottawa, 15 mars 2014, un mois et un jour après la Saint-Valentin.

Voir aussi ce billet daté du 31 mars 2013.

samedi 1 mars 2014

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Dit-elle, ou les consolations de ma voisine.

Quand je croise les mains derrière mon dos, elles reposent chacune sur les rondeurs de mes fesses, ce qui me permet d'apprécier ce que les autres apprécient en elles. Quand je croise les bras sous ma poitrine, ils se trouvent à soupeser et soutenir mes seins dont le poids et la fermeté me plaisent, à moi ainsi qu'à d'autres.

Ce sont de petites expériences quotidiennes qui adoucissent la vie. J'ai toujours quelque chose sous la main ou sur les bras pour m'occuper et me rassurer.

Et quand, d'aventure, je porte mes mains à mon crâne, force m'est de constater que j'ai la tête dure.

samedi 22 février 2014

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Eh, p'tite tête !...

«We humans share many features with domesticated animal. Our brains have even shrunk in the past 30,000 years.»

Kate Douglas, «Talk is cheep: Do caged birds sing a key to language?», NewScientist, 8 févr. 2014, p. 39 (lien vers la version en ligne)

Voir aussi autres billets avec le libellé «Cerveau (réduction du)».

samedi 15 février 2014

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Œil pour œil ou ornithologie amoureuse

C'est par erreur que les tourterelles ont été choisies comme symbole de l'amour romantique.

À cause de la disposition latérale de leurs yeux, les tourterelles, ou les colombes ou la plupart des oiseaux et autres types de serins réunis, doivent se placer côte à côte pour se regarder un œil dans l'autre à la fois.

Cette configuration limite fortement les possibilités de tête à tête amoureux.

Les oiseaux sont mieux équipés pour les prises de bec et se voler dans les plumes que pour les roucoulades. Leur vie, disons-le tout net, manque de romantisme.

Les hiboux et autres chouettes sont les seuls oiseaux à posséder une paire d'yeux frontale. De ce fait, ils sont les seuls à pouvoir se regarder les yeux dans les yeux. Et leur figure plate, comme celle des humains, encourage les rapprochements intimes.

Pourquoi ne pas les avoir choisis comme symbole de l'amour romantique ?

Non, vraiment, ne venez pas me parler de roucoulades.

Faudra-t-il vous demander d'hululer d'amour ?

vendredi 14 février 2014

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Saint-Valentin : moins vaut mieux que plus



Fleur dans la neige sous le pont Cartier-Macdonald, à Gatineau (Québec), 12 février 2014. En avance pour la Saint-Valentin.


Quelqu'un a voulu donner un certain panache à ses vœux de la Saint-Valentin. Pour être sûr qu'ils parviennent à destination, il s'y est pris avec deux jours d'avance.

Bravo pour le geste et la réalisation. N'empêche que le «Hi» au dessus de la fleur est un peu banal. Il atténue la portée du message : la fleur se suffisait à elle-même. Souvent, moins vaut mieux que plus*.

J'ignore qui est l'auteur du dessin, qui en est la destinataire (j'imagine une destinataire, atavisme de vieux macho qui ne destine les fleurs qu'aux femmes).

L'idée de s'y prendre d'avance avait du bon : aujourd'hui, 14 février, la visibilité est nulle et une bonne couche de neige aurait couvert au fur et à mesure toute plante qui aurait nourri l'outrecuidant projet de fleurir.

(Non, je n'ai pas vu de réponse au message.)

* Dans le fond, on pourrait en dire autant de mon billet : les photos se suffisaient, pas besoin du texte.



On peut lire «Hi» (?) au dessus de la fleur.



Est-il indiscret de lire ce message qui ne m'est pas destiné ?


AJOUT (10 avril 2014)
Deux mois plus tard, le message, entretemps recouvert de neige, ressurgit (même les traces de pas !) L'amour est éternel. Du moins jusqu'à la débâcle.





dimanche 26 janvier 2014

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Hélassitude et sfumato

Certains jours, il m'arrive de ressentir un peu d'hélassitude.

C'est le privilège de l'âge que de pouvoir étaler rétrospectivement son vague à l'âme sur toute une époque, presque sur plusieurs ères : les nouveaux-nés, faibles d'un manque flagrant d'expérience, vagissent avec force. Le temps passant, les années s'accumulant - parce que, si le temps passe, les années, elles, s'accumulent -, on apprend à doser ses râles et ses plaintes, à les disposer selon telle perspective, à jouer sur les effets d'atmosphère, à se prendre pour le Leonardo (da Vinci, pas l'autre, le di Caprio) du sfumato introspectif, à transformer le lancinant en brumes si pittoresques.

Bon, un café bien sfumato m'attend. Je vous laisse, je ne voudrais pas qu’il prenne froid.

mardi 21 janvier 2014

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Entropie universelle

Pascal Quignard, dans son Lycophron et Zétès*, parle d'une amie qui, au sujet des Petits Traités** de l'auteur, semble surtout apprécier le coffret qui les réunit. «C'est très commode, disait-elle. Ça ne tombe pas.»

On ne saurait trop priser les livres qui tiennent debout tout seul. À l'exemple de l'amie de Quignard, il est possible de les utiliser comme appui-livre. Non content de s'autosoutenir, ils aident leurs voisins faiblards à ne pas s'effondrer.

C'est ériger une bibliothèque en la garnissant.

Évidemment, la seule façon pour moi de ne pas faire œuvrer ces piliers ou murailles de papier au désordre universel est de m'abstenir de les feuilleter. Parce qu'une fois lus, une partie de leur contenu se perd sans être assimilée tandis que le reste se disperse à travers ma cervelle venteuse où la poussière (même celle du savoir) aime s'accumuler dans les recoins. Ce qu'un auteur a patiemment rassemblé, je l'atomise***.

Et c'est ainsi que l'entropie de l'Univers s'accroît au dépens des efforts de ceux qui la combattent.


* Pascal Quignard, Lycophron et Zétès, coll. Poésie, Gallimard, 2010 : réédition (avec postface inédite) de la traduction de l'Alexandra de Lycophron, suivie de Zétès, parue en 1971.
** Pascal Quignard, Petits Traités, éditions Maeght, 1990 : réédition dans la coll. Folio, 1991.
*** Y a-t-il une vie dans ces recoins ? Eh bien, disons que la formation de certains grumeaux imprévus, à partir de poussières d'origines hétéroclites, trouve son explication. Finalement, je combats l'entropie à ma façon.

samedi 11 janvier 2014

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Introuvable chez Amazon

Plaisir rare : acheter un livre et découvrir que la libraire qui vous le vend a consacré sa thèse de doctorat précisément à cet ouvrage.

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Primeur

Le monde est en noir et blanc. Je suis le premier à vous l'apprendre.

Ou le dernier à m'en rendre compte.






Un pont quelconque, entre 
Ottawa et Gatineau (11 janv. 2014).