PAGE SÈCHE et ENCRE SYMPATHIQUE

Balourd 10, que ne rebute pas l'emploi de l'encre sympathique, n'entretient pas pour autant la phobie de la page blanche. (Une encre sympathique devient invisible en séch

mardi 31 décembre 2019


Surface gelée de la rivière des Outaouais à Gatineau (QC) vue a) depuis la hauteur de mes yeux (je mesure 1,80 m) ou b) depuis le tablier du pont Alexandra (hauteur de 15 m). Réponse à la fin des vœux.


En 2020, tout le monde aura vingt sur vingt à ses examens. Dans l'intitulé de la date, du moins.  

Il y a cent ans, en 1920, on s'était contenté de frôler le score parfait. Depuis, nous avons fait des progrès et appris nos leçons.

Raison de plus de vous réjouir et de passer une année 20/20 !


Réponse : b.

mardi 24 décembre 2019

2020, année symétrique


Meuh too !


Joyeux Noël, bonne année, mes meilleurs vœux !

Soyez prudents. Les jours allongent, mais les engelures sont à craindre quelque temps encore.

Juliette (photo) tient à joindre ses vœux aux miens. Meuhhh too ! meugle-t-elle.

Dans sa petite cervelle de bovin, Juliette héberge une mémoire d'éléphant. Elle participe, par l'entremise de ma plume, au recueil de textes Raconter l'Est ontarien à paraître aux Éditions David en 2020, l'ouvrage qui regroupera les textes d'une quarantaine de contributeurs. Juliette se remémore le bon (?) vieux temps : « En ce temps-là, les téléphones étaient fixes, les femmes commençaient à avoir la bougeotte. »

Mais l'important, c'est que vous passiez du bon temps durant les fêtes et que 2020 - une année doublement paire puisqu'en plus d'être divisible par deux, elle est parfaitement symétrique -, débute sous les meilleurs auspices !

jeudi 19 décembre 2019

Dit-elle


Dit-elle, ou les dits de ma voisine : Les Fesses

Mes fesses, dans leur grande innocence, offrent leurs douces rondeurs jumelles à l'appréciation d'un seul hémisphère à la fois, celui qui se trouve dans mon dos.

Je dis bien leur innocence, leur candeur. Les seins savent toujours. Rien de ce qui se passe en face ne leur échappe. Ils affrontent l'adversité. Les fesses, c'est différent. Elles ont un peu l'air de fuir. Aveugles, privées du secours des yeux, elles ne peuvent savoir qui les observe, et même si on les observe. Cécité qui les place dans une constante incertitude, un manque d'assiette ou d'assise tout à fait déstabilisant.

Est-ce que je sais si quelqu'un dévisage mon postérieur en ce moment ? Est-ce que quelqu'un profite de ce que je tourne, non pas le dos (of course), mais ma figure à mes propres fesses pour les lorgner à loisir ?

Mes fesses, que faire d'autre que de les traîner partout avec moi ? « Elle fait exprès d'attirer l'attention sur ses fesses » dira un petit malin.

Peut-être que les fesses n'existent que pour le strict bénéfice d'autrui, et non pour la tranquillité de leur propriétaire...

dimanche 24 novembre 2019

Dit-elle


Dit-elle, ou les dits de ma voisine : Pensons pensements

Moi j'errais tout seul, promenant ma plaie. (Paul Verlaine, « Promenade sentimentale »)


Bonjour, dis-je au pharmacien, je voudrais un pensement...

─ Un pansement, vous voulez dire, Mademoiselle ?

(À cette étape du récit, il est inutile de s’étonner du fait que le pharmacien a compris, ou entendu, la nuance.)

─ Non, un pensement. Un pansement, c’est pour les atteintes physiques ; un pensement, pour les blessures de nature psychologique. Il me faudrait un pensement pour les pensées blessées.

─ ...

─ Je ne peux pas rester comme ça, avec une plaie morale ouverte exposée à la vue de tous, offerte à tous les microbes. J'ai besoin d'un pensement. Ne me dites pas qu'il ne vous en reste plus en stock !

─ Je crois, Mademoiselle, que vous avez surtout besoin d’aide.

─ C’est pour ça que je suis venue ici.

─ Ce que vous demandez, Mademoiselle, n’existe pas.

─ Comment ça ?

─ Les pensements, comme vous dites, n’existent pas.

─ Qu’est-ce qu’on attend pour les inventer ? Comment soignez-vous les blessures morales de vos patients ? Je ne vois pas grand monde dans la rue se promener avec une une psyché sanguinolente. Est-ce que les gens gardent leurs plaies cachées, dissimulées sous le manteau ? Ça expliquerait leur air déprimé en hiver. Mais nous sommes en été...

─ Non, Mademoiselle, les gens ne dissimulent pas leurs blessures morales. Ils se font une gloire de leurs souffrances, ils les brandissent comme des étendards et chacun parade pour sa propre cause.

─ Donc, vous ne pouvez rien pour moi ?

─ Sinon vous assurer de mes sentiments les meilleurs.

Bon, si vous pensez que c'est suffisant. Cette consultation ne nous nous aura finalement rien coûté, ni à vous ni à moi.


vendredi 1 novembre 2019

Autopromotion (prise 2)



Avertissement. - Ce qui suit peut parfois prendre l'allure d'une entreprise d'autopromotion.


Le dimanche 27 octobre dernier, j'étais reçu par Jean-Paul Moreau, animateur de l'émission « Culture géniale » d'Unique FM (1) à l'occasion de la parution de mon recueil de nouvelles Grève des anges (2). La rencontre s'est très bien déroulée et je suis plus que satisfait de la teneur des échanges dont elle fut l'occasion. L'intervieweur avait lu le recueil et ses questions étaient pertinentes. Qu'est-ce qu'un auteur pourrait exiger de plus ?


(1) Unique FM, 94,5. Ottawa. L'entretien ne sera peut-être pas encore en ligne au moment où vous lirez ces lignes.
(2) Henri Lessard, Grève des anges. Nouvelles, Les Éditions L'Interligne, Ottawa, 2019, 104 pages. 978-2-89699-668-1. https://interligne.ca/auteurs-auteures/henri-lessard/greve-des-anges/


Un des commentaires de M. Moreau a été que les textes de l'ouvrage lui avaient fait l'effet de petits films ou de courts documentaires. (Je résume ses propos.) J'ai bredouillé une réponse sans doute satisfaisante, mais je suis resté sur l'impression d'avoir répondu à côté de la question.


« Dans votre écriture, il y a des images[,] énormément d'images que vous créez dans nos têtes. » (J.-P. Moreau, à partir de 6:05.)


La réponse adéquate, celle que j'aurais dû donner (et peut-être celle qu'attendait M. Moreau), m'est venue seulement après, à l'extérieur des locaux de la station, alors que je marchais vers l'abribus.

J'aurais pu par exemple parler de la nouvelle intitulée « Jeu de rôles ». Dans cette histoire, Noëlle - la narratrice des nouvelles de Grève des anges - rend visite à la mère d'une amie morte dans un accident d'auto. Je ne peux en dire plus sans dévoiler l'intrigue. Disons simplement que les images jouent un grand rôle (sans jeu de mots !) dans cette nouvelle. Elles exercent un effet consolateur et même salvateur sur les protagonistes. Mais il s'agit d'images intimes, d'images mentales, n'existant que dans leur tête.

Or, je me suis fait la réflexion - mais trop tard pour l'exprimer au micro - qu'il serait impossible d'adapter cette nouvelle en film ou en bande dessinée. Il faudrait pour cela montrer les images intimes qui ne s'animent que dans le noir, à l'intérieur de la cervelle de Noëlle et de la mère de son amie, ce qui aurait eu pour résultat immédiat d'effacer et abolir celles que le lecteur se créait dans sa propre tête. De plus, ces images montrées auraient été banales, privées de toute magie.

Situation paradoxale. Une histoire qui trouve sa raison d'être dans la puissance des images ne pouvait se transmettre que par l'entremise des mots. Les images réelles, fixes ou animées, ne pourraient que détruire à la fois le texte et les images qu'il génère.


« Peut-être que moi aussi, j’avais besoin d’entendre une voix dans le noir. »


Les mots clefs de la nouvelles sont sans doute ces derniers, prononcés - non, pensés - par Noëlle.

Vous ne voyez pas ? Vous demeurez dans l'obscurité ? Achetez le livre, vous verrez et vous comprendrez !

(Je vous avais prévenus, c'est une entreprise d'autopromotion.)





Grève des anges. Nouvelles
Henri Lessard
Les Éditions L’Interligne, collection « Vertiges »

435, rue Donald, bureau 337
Ottawa (ON) K1K 4X5
613 748-0850, poste 4
Agente de communication :
Lisanne Rheault-Leblanc
communication@interligne.ca

En librairie : 16 octobre 2019
104 pages | 20,95 $
ISBN 978-2-89699-668-1
Disponible en versions EPUB et PDF
Diffusion Prologue inc.,
1 800 363-2864


mercredi 25 septembre 2019

Autopromotion : Grève des anges




À paraître

Grève des anges. Nouvelles
Henri Lessard
Les Éditions L’Interligne, collection « Vertiges »

Les Éditions L’Interligne
435, rue Donald, bureau 337
Ottawa (ON) K1K 4X5
613 748-0850, poste 4
Agente de communication :
Lisanne Rheault-Leblanc
communication@interligne.ca

En librairie : 16 octobre 2019
104 pages | 20,95 $
ISBN 978-2-89699-668-1
Disponible en versions EPUB et PDF
Diffusion Prologue inc.,
1 800 363-2864


Entrevue avec Noëlle, personnage principal de Grève des anges


Question. — Bonjour Noëlle. Tu n’as que 19 ans ; n’est-ce pas trop tôt pour publier des récits « autobiographiques », en fait rédigés par une autre plume que la tienne ?
Réponse. — Pourquoi ? Je suis majeure, la vie fait de moi ce qu’elle veut.

Q. — Dans ton recueil, tu apparais tour à tour timide et désarmée ou pleine d’aplomb et sûre de toi, parfois même machiavélique. Tes moments de déprime n’empêchent pas que plusieurs personnes viennent rechercher du réconfort auprès de toi. Qui, finalement, est la vraie Noëlle ?
R. — À quoi tendons-nous à chaque instant ? À l’émerveillement, à la fureur, à l’ivresse, à la fusion (amoureuse, érotique, mystique), à tout ce qui nous extirpe, nous expulse, nous immerge ou nous absorbe. Être, quel ennui ! Vite, un livre, un paysage, une musique, des yeux, un corps pour m’oublier. Être ou ne pas être, pour moi, la question est vite réglée. Je préfère l’inconscience.

Q. — Tout un programme ! Tu conserves de bons souvenirs de tes ex...
R. — Je romps séance tenante avec un gars dès qu’il devient mon chum. Je suis une fille à ex ; je m’entends tellement bien avec eux – et avec elles, car j’ai des « exes » aussi. Un ex, une exe, c’est de l’intimité semée ici et là, de la complicité éprouvée, de la tendresse disponible. On ne devient pas mon ex ou mon exe comme ça. Charles (le dernier de mes ex) avait toutes les qualités. Drôle, attentif, de l’assurance sans arrogance. Alors, j’ai cassé tout de suite avec lui. Depuis, nous ne nous quittons plus.

Q. — Tu souffres d’étranges phobies...
R. — Je prends toujours mon bain dans une eau mousseuse. Assise dans une baignoire remplie d’une eau plate, sans bulles ni broue, mon regard est immanquablement attiré, à travers la masse translucide, par la blancheur de l’émail et ses vastités glacées. Il en découle des méditations désolées qui rendent la baignoire inhabitable. À moins de convaincre le propriétaire de faire émailler ma baignoire en rose, je ne vois d’autre solution que d’user et d’abuser de la mousse de bain.

Q. — En revanche, les hauteurs ne t’effraient pas.
R. — Depuis mon logement du septième, il faut baisser les yeux pour voir s’envoler les oiseaux. Étrange changement de perspective ; ils ne s’élèvent pas, ils tombent sous mes fenêtres, plongeant d’un balcon de l’immeuble ou des corniches des constructions voisines ; jamais je ne les surprends dans l’effort de s’arracher du sol. Du coup, leurs manœuvres dans l’air me semblent une longue suite de glissades aisées.

Q. — Tu abordes des thèmes graves dans ces nouvelles, la mort par exemple...
R. — Tout n’est pas sujet à désinvolture.

Q. — Parle-nous de tes préoccupations les plus récentes.
R. — Une amie m’a récemment confié qu’elle rêvait de pouvoir se dédoubler quelques heures pour s’observer, se toucher, s’embrasser elle-même… Tout ça pour soi-disant connaître l’impression qu’elle donne aux autres, savoir le goût qu’elle leur laisse en bouche… « Faire l’amour avec son clone, inceste ou onanisme ? » que je lui ai répondu. Je ne suis pas sûre que ça me plairait de me dédoubler, moi. Si je ne m’aimais pas ? Je le découvrirais tout de suite dans mon regard, je veux dire dans celui de mon clone qui, lisant le même dédain sur ma figure, réagirait en conséquence, soupe au lait comme je le suis, et je réagirais à sa réaction, c’est-à-dire à la mienne…

Q. — Quelle serait ta devise ?
R. — Personne n’est obligé de m’aimer.

Q. — Que penses-tu de cet Henri Lessard qui signe tes nouvelles ?
R. — Je mène une vie indépendante de mon créateur. Je ne pense jamais à lui. En retour, il est très tolérant avec moi.


Résumé
Comment décrire Noëlle, héroïne des nouvelles de Grève des anges ? Sachez qu’elle entretient des relations étroites mais conflictuelles avec les pommes de laitue en plus de redouter que sa baignoire n’achève de la rende agoraphobe. Au début du recueil, elle termine ses études secondaires et affronte le rejet ; à la fin, elle est à l’université et travaille dans un café. Dans tous les cas, Noëlle ne quitte qu’à regret la pénombre des coulisses pour s’exposer aux feux de la rampe.

Coup de foudre assuré pour ce personnage attachant et (légèrement) névrosé.

Noëlle n’ose avouer sa flamme à une voisine qui lui refuse l’aumône d’un regard.Elle retrouve son aplomb au contact de plus mal en point qu’elle-même, telle l’inquiétante Lucie de « Grève des Anges », nouvelle éponyme du recueil.

Le style du recueil, toujours concret, est imagé. Et c’est justement par la puissance des images que Noëlle trouve la paix en la procurant à la mère d’une amie morte dans un accident.

Grève des Anges, un recueil au style brillant et au contenu varié. Certaines nouvelles sont poétiques, véritables chefs-d’œuvre descriptifs comme « L’Été », d’autres offrent un regard critique et plein d’humour sur notre société. L’auteur propose de « petits textes bien ficelés porteurs de plus que ce qu’ils disent ».


L’auteur
Henri Lessard est né à Hull (Québec). D’abord illustrateur, il s’est tourné vers d’autres genres de travaux de plume pour préférer la littérature qui lui permet d’illustrer ses idées d’une autre façon, avec des mots.

jeudi 29 août 2019

Évidence


La pleine lune se lève.

Non, c'est la terre qui s'abaisse.

(Elle lui fait la révérence.)

Comme si


J'ai toujours eu de la difficulté à admettre l'existence de gens sérieux. Pourtant, il y en a, j'en croiserais tous les jours, parait-il. L'évidence n'est pas parvenu à me convaincre de leur réalité.

Ils ont peut-être une capacité de dissimulation supérieure à la mienne ; ils cachent ce qui est donné de naissance à tout un chacun, à savoir que tout ça n'est qu'une farce à laquelle ont fait semblant de croire sans que personne ne soit dupe, tandis que moi, à jouer au nihiliste, je montre bien au fond que je ne comprends pas la première règle du jeu (de tous les jeux) : faire comme si.


Profondeur


On accuse les causes profondes, mais quand le Titanic s'est retrouvé sur le plancher de l'océan, c'est à cause d'événements en surface.


Face B


Si la terre est plate, est-ce comme un CD (avec un seul côté) ou comme un vieux 45 tours (avec face A et B) ?

Dans ce dernier cas, nous habitons sans doute la face B.


Bis repetita placent (non semper)


Il y a toujours plus d'avant et d'après que de pendant.

Ça vaut pour le sexe et pour un tas de choses.


Avertissement


Je rêve que cet avertissement devienne obligatoire : « ATTENTION ! Poussée au bout de sa logique, cette idée* devient absurde et dangereuse. »

* Peut être remplacé par : idéologie, doctrine, etc.


Vie de couple


Est-ce que les gens se mettent en couple pour aller à des endroits des endroits où ils seraient mal à l'aise de se présenter sans personne à leur bras ? Restaurant, spa, partouze, etc.


Conversation


Une conversation met habituellement en présence quelqu'un qui parle trop et quelqu'un qui ne sait pas l'interrompre.

vendredi 24 mai 2019

Utile mais pas indispensable


On n'a pas besoin de l'intelligence pour avoir raison, mais bien pour convaincre les autres qu'on a raison.

De là à dire qu'on a pas besoin d'être intelligent pour avoir des convictions, mais qu'elle est indispensable à leur propagation...

jeudi 2 mai 2019

Dit-elle


Dit-elle, ou les dits de ma voisine :
Ne pas (se) voir en photo ou Les as de l'ASA

... alors, portraitisez d'autres personnes. Moi, les photographes m’énervent trop. Toujours inquiets de la mise au point, du temps d’obturation, de la lumière, de la distance focale, du cadrage…, de vrais « m’as-tu-vu avec mon bel équipement et mon souci de la perfection », l’idée de laisser les paysages et les gens en paix ne leur vient jamais à l’esprit...

Trois questions


Que crois-je ?
Que fais-je ?
Qu'espère-je ?

mercredi 1 mai 2019

Construction et prédation


L'écrivain sue sang et eau pour offrir au lecteur un monde cohérent ; celui-ci se hâte de grapiller ce qui lui convient dans cet ensemble pour nourrir son propre univers.

Accumulation, prédation et pillage, métaphore de la vie.

dimanche 28 avril 2019

Dit-elle


Dit-elle ou les vaticinations de ma voisine

- Je suis majeure et vaccinée..., me dit-elle.
- Majeure et vaticinée, qu'on devrait dire, dans ton cas.

Gène calculateur


Selon Richard Dawkins et son gène égoïste, chacun ne serait que l'instrument inconscient par lequel ses gènes comptent se perpétuer. Or, mes gènes et les vôtres sont, à 99 %, ceux d'un chimpanzé. Si je comprends bien le raisonnement, je dois me dépêcher de trouver une partenaire afin que nous perpétuions nos gènes, qui ne sont pas nos gènes, mais ceux de chimpanzés...

Double interrogatoire


Mais que faisais-tu ? Je t’ai appelée plusieurs fois…
— Moi ? Je prenais du retard. Une occupation qui m'a réclamé tout mon temps. C’est toi qui devrais subir un interrogatoire. C’est vrai, que fabriquent les gens ponctuels en attendant les retardataires ?

lundi 22 avril 2019

Laisse sphère


La sphère, figure qui ne présente que des faces ou des profils, des hauts et des bas, comment savoir ?

Jeu de rôles


Je plains les comédiens et les comédiennes. Tant de rêves de gloire, un si riche répertoire, vivier de tant de rôles pour, à la fin, voir leur carrière se résumer à un seul moment fort, un rôle dans un film ou un téléroman - ou, pire, dans une publicité.

Bonheur


Le bonheur est un état de stupéfaction durable et sans surprise.

dimanche 21 avril 2019

Bille et bulle


Comme une bulle d'air une fois la bille d'eau éclatée.

Onctuosité


C'est instinctif. Nous sommes programmés pour avoir envie de napper de notre sperme onctueux tous les ovules féconds que l'on croise.

Bien sûr, physiologiquement, les choses ne se passent pas exactement comme ça.

samedi 6 avril 2019

Mantra de l'éducateur


« Mon devoir est d'ouvrir l'oeil et de fermer les yeux. »

Brin de sagesse récolté en faisant des recherches sur l'histoire du canal de la Baie Georgienne dans Morisseau, Henri, Un apôtre Canadien. Le Père Arthur Guertin, Missionnaire Oblat de Marie-Immaculée, 1868-1932. Éditions de l'Université d'Ottawa, 1943, p. 286.

Injustice


Injustice de la beauté. Il y a trois femmes dans le café, je n'en vois qu'une.

L'injustice est qu'elle ne me voit pas.

vendredi 5 avril 2019

Intimité


Je demandai à mes voisins de droite sur la banquette du café : « — Parlez-vous français, do you speak French ? » « — No, sorry », me dirent-ils. Je posai la même à mes voisins de gauche. Même réponse.

— Parfait, dis-je à ma vis-à-vis, nous pouvons nous parler en toute intimité.

jeudi 28 mars 2019

Unanimité, Orthodoxie


Que faites-vous avec ceux qui ne sont pas d'accord avec vous ? Vous fonctionnez à l'unanimité et à l'exclusion. Hors de l'orthodoxie pointilleuse (et toujours en développement) qui est la vôtre, point de salut.

Jamais seul


Nous ne sommes jamais vraiment seul, laissé à nous-même. Je ne parle même pas ici de nos appareils hyperconnectés que nous consultons à tout bout de champ lorsqu'ils ne sollicitent pas d'eux-mêmes notre attention. Marchez à l'aventure vous détendre, l'esprit dispos. Combien de temps avant qu'une affiche vous ordonne de sourire ? Ou qu'une autre vous enjoigne de prendre votre élan et de courir ? Qu'une troisième vous oppose l'image de la famille idéale ? Ou qu'elle vous rappelle un enjeu  de société ?

En réalité, nous sommes immergé dans un bain d'injonctions (« Souriez ») et de propagande (« Ne soyez pas sexiste ») dont nous ne sortons jamais.

Le plus drôle est que l'iconographie utilisée rejoint souvent celle des régimes totalitaires : muscles, dynamisme, regards vers le lointain, amitié entre les peuples...

Agoraphobie et profondeurs


Autour des fumeurs noirs prospère dans le fond des océans une vie qui ne doit rien à la lumière du soleil.

La vie a longtemps souffert d'agoraphobie. Les poissons, par exemple, il ne leur serait jamais venu à l'idée de sortir la tête ou rien qu'un œil hors de l'eau. La vue du ciel et de l'horizon leur aurait été insupportable. La vie a la vue courte, elle est née au fond de l'eau et s'est longtemps réfugiée dans des coquilles et des terriers.


mercredi 6 mars 2019

Mirage et bonheur


Le bonheur, c'est un pichet de bière. Un pichet de bière que l’accorte serveuse dépose sur notre table. Le bonheur est d’avoir ce pichet de bière à boire. Un pichet intact, encore tout plein, collet monté et débordant de broue. Dès qu’on en prend une gorgée, le pichet est entamé et la joie s’en va, parce que pichet entamé signifie pichet achevé.

C’est ainsi que la promesse est un mirage nourrissant et la concrétisation, un appauvrissement.

mardi 5 mars 2019

Légumes-anges


Les plantes sont des nécrophages doublées de coprophages. Elles s'engraissent de la décomposition des morts et du résultat de la digestion des vivants. La verdure est une ordure, disons-le. Il nous faudrait des légumes libres de toute prédation, du vivant qui n'enlève rien à la vie et ne doit rien à la mort. Des légumes-anges. (Mais riches en minéraux et en vitamines.)

Déjà nous avons des humains non genrés, on peut bien avoir des légumes angéliques, les végétaux étant d'une fibre spirituellement plus avancée que la chair humaine.

samedi 2 mars 2019

Je t'écoute


Dialogue : situation où deux personnes acceptent à tour de rôle de laisser l'autre parler tout seul.

dimanche 10 février 2019

Conversion


Toutes les religions étant incertaines, conserver la sienne n'implique pas adhésion ; en changer oui. Il faut la foi pour changer de religion.


samedi 9 février 2019

Le temps passe


À l'époque de ma jeunesse, les modèles masculins n'étaient pas très diversifiés. On était raffiné ou hétérosexuel.

jeudi 7 février 2019

Végétarisme


Si la bactérie mangeuse de chair devenait végétarienne, faudrait-il craindre pour nos potagers ?

mercredi 6 février 2019

Pépins


On ne commence pas à manger une pomme par les pépins.