PAGE SÈCHE et ENCRE SYMPATHIQUE

Balourd 10, que ne rebute pas l'emploi de l'encre sympathique, n'entretient pas pour autant la phobie de la page blanche. (Une encre sympathique devient invisible en séch

jeudi 27 janvier 2022

Constat


Quand tout le monde est égal, tout le monde est insignifiant.

dimanche 16 janvier 2022

Point de vue

Bizarre, les autres pensent de moi exactement ce que je pense d’eux.

Bien sûr, ils se trompent à mon sujet.


Billet paru le 16 janv. 2022 dans mon autre blogue, Propos hors propos.

samedi 15 janvier 2022

Dit-elle


Les dits de ma voisine : confidences non sollicitées

Les textes marqués d’un astérisque* ont déjà paru dans le recueil Grève des anges.
Voir aussi la page consacrée à ce titre dans le blogue Propos hors propos.

Poire

Quand on parle de couper la poire en deux, me dit-elle, je me sens toujours visée.

Plongée (1)*

L’eau accueille et rejette ; elle ne s’oppose pas à notre intrusion dans sa substance et, en même temps, elle nous refuse – grâce à quoi plonger et flotter sont possibles. Son étreinte est glacée – il faut se jeter dans ses bras résolument – et douce : elle s’enroule autour de moi dans une caresse continue et totale.

Compétition

Quand je suis avec une amie, me dit-elle, il y en a toujours une qui est la plus belle et ce n’est pas toujours moi.
(Parfois, trouver quelque chose à répondre aux confidences de ma voisine oblige à de grands efforts.)

Photons*

La nuit, les photons émis par des étoiles situées à des centaines ou des milliers d’années-lumière entrent par mes pupilles. Ils meurent sur ma rétine, après un interminable voyage en ligne droite à travers le vide, pour produire, au fond de mes yeux, une étincelle tremblotante que je prends pour l’image de leur astre d’origine.
Drôle de destin que celui de ces photons.

Vastitudes*

Je prends toujours mon bain dans une eau mousseuse, dit-elle. Assise dans une baignoire remplie d’une eau plate, si je puis dire, mon regard est immanquablement attiré, à travers la masse translucide, par la blancheur de l’émail et ses vastités glacées. Il s’ensuit des méditations désolées qui rendent la baignoire inhabitable.
Sauf à convaincre le propriétaire de faire émailler ma baignoire en rose, je ne vois pas d’autre solution que d’user et abuser de la mousse de bain.

Rondeurs*

Quand je croise les mains derrière mon dos, elles reposent chacune sur les rondeurs de mes fesses, ce qui me permet d’apprécier ce que les autres apprécient en elles. Quand je croise les bras sous ma poitrine, ils se trouvent à soupeser et soutenir mes seins dont le poids et la fermeté me plaisent, à moi ainsi qu’à d’autres.
Ce sont de petites expériences quotidiennes qui adoucissent la vie. J’ai toujours quelque chose sous la main ou sur les bras pour m’occuper et me rassurer.
Et quand, d’aventure, je porte mes mains à mon crâne, force m’est de constater que j’ai la tête dure.

Plongées (2)*

Depuis mon logement du septième, il faut baisser les yeux pour voir s’envoler les oiseaux. Étrange changement de perspective ; ils ne s’élèvent pas, ils tombent sous mes fenêtres, plongeant d’un balcon de l’immeuble ou des corniches des constructions voisines ; jamais je ne les surprends dans l’effort de s’arracher du sol. Du coup, leurs manœuvres dans l’air me semblent une longue suite de glissades aisées.


Billet paru le 15 janv. 2022 dans mon autre blogue, Propos hors propos.

vendredi 14 janvier 2022

Nouvelle tête



Nouvelle icône pour mon blogue, Autoportrait 2022. L'ancienne, où j'étais jeune, était trop vieille. La nouvelle, où je suis vieux, est plus à jour. (Voir colonne de droite du blogue.)



(15 janv. 2022.) - Bon, finalement,je préfère cette version épurée, Autoportrait 2022 bis.


(19 janv. 2022.) - Je vais finir par l'avoir... Autoportrait 2022 ter.


(19 janv. 2022, suite). - On arrête pas le progrès. Autoportrait 2022 quarto.


(20 janv. 2022, suite de la suite).  Autoportrait 2022 quinto (au col rond).

Ligne de grains se réchauffe


T
iens, mon éditrice a revu la couverture de Ligne de grains. Une teinte chaude convient mieux à un roman dont l'action se passe en été, je crois. Proposition adoptée !
Lien vers les autres articles du blogue sur le roman.

En librairie : 8 juin 2022
Collection « Vertiges »
ISBN 978-2-89699-744-2
Les Éditions L’Interligne, Ottawa
communication@interligne.ca
interligne.ca



Extrait 


« [...] quand j’observe ma blonde à son insu, alors qu’elle lit ou vaque à ses affaires ; son visage, ses gestes me semblent trahir une vie intérieure d’une qualité hors de ma portée.

— La pire des choses à faire dans ces situations, c’est de demander : À quoi tu penses ?

— Le pire serait qu’elle me l’apprenne ! La plupart des gens on le tact de répondre : À rien. Il n’y a pas assez d’humains sur terre pour contenir toute la vie intérieure que chacun devine chez autrui. Paradoxe de l’humanité : plein comme un œuf vue du dehors, coquille vide considérée du dedans.

— Et tout le monde s’imagine être la seule coquille vide de l’Univers. »

Quatrième de couverture


Une « ligne de grains » est une bande d’orages à l’avant d’un front froid. Mais ça peut être toute autre chose.

Delphie, âgée de 18 ans, assiste au lancement du recueil Ligne de grains et tombe sous le charme de Pascale, la violoniste engagée pour l’occasion ; un écart de celle-ci hors de sa partition allume la suspicion d’une spectatrice. Tout se complique et se déglingue, les couples deviennent solubles et la folie tient la barre.

D’abord illustrateur, Henri Lessard s’est converti à la littérature. Il a publié le recueil de nouvelles Grève des anges à L’Interligne en 2019.