PAGE SÈCHE et ENCRE SYMPATHIQUE

Balourd 10, que ne rebute pas l'emploi de l'encre sympathique, n'entretient pas pour autant la phobie de la page blanche. (Une encre sympathique devient invisible en séch
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jeudi 20 octobre 2022

Ligne de grains : recension



En librairie : 15 juin 2022
Titre : Ligne de grains. Roman
Auteur : Henri Lessard
Les Éditions L’Interligne, Ottawa
Collection « Vertiges »
ISBN 978-2-89699-744-2
communication@interligne.ca
interligne.ca
Autres billets consacrés à Ligne de grains (lien).


Quelques mots de l’auteur Jean-Louis Grosmaire sur mon roman Ligne de grains paru cet été aux Éditions L'InterligneJean-Louis lit beaucoup, je suis impressionné (et légèrement humilié) par sa voracité et sa grande capacité à rendre compte de ses lectures. Comparé à lui, je suis un lecteur anorexique et un commentateur aboulique…

Voici le LIEN vers le blogue de Jean-Louis : il faut se rendre au texte du 20 octobre 2022.

Un extrait :
« Tout d’abord, le style. C’est un style pétillant, qui enchante la lecture.
L’auteur avance en touches légères, il suggère, il conduit à la réflexion. Il glisse de petites remarques qui sont très profondes. » (J.-L. Grosmaire)
D’autres billets sur Ligne de grains dans le blogue sont disponibles ICI.

Bonne)s) lecture(s) !

dimanche 12 juin 2022

Ligne de grains, parapluies et test de la page 99

Préparez vos parapluies. Ligne de grains sort le 15 juin, et non le 8, on ne peut pas se fier à la météo (1). Ou, plus sagement, réservez une plage-horaire pour la lecture de ce ténébreux et lumineux roman tout en demi-teinte.

(1) Une « ligne de grains » est une bande d’orages à l’avant d’un front froid. Mais ça peut être toute autre chose.

 

Page 99

Le Test de la page 99 est la mise en pratique d’une théorie avancée par l’écrivain anglais Ford Madox Ford selon laquelle la lecture de la seule page 99 d’un roman donnerait une juste idée de l’intérêt du livre entier. (Voir Wikiki, l’encyclopédie de ceux qui ne cherchent pas plus loin.)

Qu’est-ce que cette théorie donne appliquée au roman Ligne de grains ? Et si la page 99 était une page blanche ?

Ligne de grains est publiée par Les Éditions L’Interligne.

En librairie : 8 15 juin 2022

Auteur : Henri Lessard
Collection : « Vertiges »
Les Éditions L’Interligne, Ottawa
200 pages.
ISBN 978-2-89699-744-2
communication@interligne.ca
interligne.ca

Voir mon précédent livre, le recueil de nouvelles Grève des anges (2019). 



Parapluie et Ligne de grains


Préparez vos parapluies. Ligne de grains sort le 15 juin, et non le 8, on ne peut plus se fier à la météo (1). Ou, plus sagement, réservez une plage-horaire pour la lecture de ce ténébreux et lumineux roman tout en demi-teinte.

(1) Une « ligne de grains » est une bande d’orages à l’avant d’un front froid. Mais ça peut être toute autre chose.

Et puisque il sort le 15, voici en primeur la page 15. (Non, le roman ne pas de Leonardo, da Vinci ou DiCaprio.) Le hasard a fait que la page 15 est justement la première du roman.

Ligne de grains - roman
En librairie : 8 15 juin 2022
Auteur : Henri Lessard
Collection : « Vertiges »
Les Éditions L’Interligne, Ottawa
200 pages
ISBN 978-2-89699-744-2
communication@interligne.ca

Voir ausi mon précédent livre, le recueil de nouvelles Grève des anges (2019).

Ligne de grains, page 15

jeudi 3 février 2022

Ligne de grains : quelques grains en primeur


En librairie : 15 juin 2022
Titre : Ligne de grains. Roman
Auteur : Henri Lessard
Les Éditions L’Interligne, Ottawa
Collection « Vertiges »
ISBN 978-2-89699-744-2
communication@interligne.ca
interligne.ca
Voir les autres billets du blogue consacrés à Ligne de grains (lien).

Quatrième de couverture

Une « ligne de grains » est une bande d’orages à l’avant d’un front froid. Mais ça peut être toute autre chose.

Delphie, âgée de 18 ans, assiste au lancement du recueil Ligne de grains et tombe sous le charme de Pascale, la violoniste engagée pour l’occasion ; un écart de celle-ci hors de sa partition allume la suspicion d’une spectatrice. Tout se complique et se déglingue, les couples deviennent solubles et la folie tient la barre.

D’abord illustrateur, Henri Lessard s’est converti à la littérature. Il a publié le recueil de nouvelles Grève des anges à L’Interligne en 2019.

Résumé

Une « ligne de grains » est une bande d’orages qui se développe à l’avant d’un front froid. Mais ça peut être toute autre chose.

Delphie, 18 ans, retrouve sa tante Caroline qu’elle n’a pas vue depuis deux lustres ; elle se découvre du même coup une cousine qui n’en est pas une, Pascale, violoniste virtuose qui, à l’occasion, n’a pas de scrupule à s’écarter de la partition. Gravitent dans les parages un éditeur sourd, un poète modeste – ça existe ! –, une Haute-Dame qui veille au grain (of course), un œnologue en herbe et sa sœur, le propriétaire d’un café, un bonhomme connu sous le nom de… Bonhomme, une mère Noëlle, des motoneiges en été et, pour clore cette énumération, une émeute nocturne. Sans oublier des lignes de grains, dont une vraie, dans le sens météorologique de l’expression.

Nous sommes prévenus dès le début de l’intrigue : « C’est une histoire compliquée… » L’action se passe à Lac-des-Hauts, village (fictif) de la Haute-Gatineau.

Avis autorisé

« Ligne de grains conquiert d’emblée. Le style est brillant, très drôle, nourri de réflexions intelligentes et originales sur la vie et la société. Les dialogues sont amusants, tout le monde ou presque ayant de l’esprit. Le monologue intérieur débouche parfois sur des formules profondes : « Seule, tu seras libre ; libre, je serai seule. » Le texte brosse aussi un portrait satirique du politiquement correct et des intrigues des petites communautés. »

Extraits gratuits

Note : l’un des extraits qui suivent ne fait pas partie du roman. À vous de découvrir lequel n’est pas à sa place. Prix à gagner : aucun, sinon les félicitations de l’auteur.

Vous arrivez de nuit, dans l’état le plus proche du sommeil qui vous permet de tenir encore debout, vos paupières se fermant d’elles-mêmes ; des mains aimables soulagent vos épaules des sacs de voyages qui leur pèsent et guident vos pas aveugles jusqu’à des draps frais. Conclusion logique des choses, vous vous endormez dans un lit qui n’est pas le vôtre.

La maison était bâtie selon les proportions étriquées des vieilles demeures. L’escalier étroit avec, à mi-hauteur, au tournant, un palier vaste comme une pointe de tarte, donnait l’impression d’évoluer à l’intérieur d’une maquette mal dépliée. Les boiseries, les moulures, nappées de couches de peinture successives, recouvertes d’un généreux crémage, me fascinaient ; repeindre le monde pour arrondir les angles et noyer les aspérités.

La discussion va bon train, Aube saute d’un émoi à un enthousiasme – Pascale et Caroline me l’ont déjà décrite : tout contact de sa personne avec l’extérieur fait tinter un point de son être et se lever un concert de vibrations à mesure que les ondes se propagent et font entrer en résonnance un réseau de secteurs en sympathie les uns avec les autres.

On se fait des scénarios. Ils ont en commun d’être linéaires et sans profondeur, libres de tout heurts ou soubresauts, sauf l’apothéose finale, bien sûr, garantie dès le départ, et qui ne tarde jamais : Veni, Vidi, Youppie ! Quand on essaie de les concrétiser, on se rend compte qu’il est impossible d’aiguiller le wagon de la réalité sur les rails fermés de nos fantasmes.

(Après, je suis d’une compétence rare. Pendant, c’est une autre paire de manches, les choses ne deviennent évidentes qu’ensuite, quand les faits se métamorphosent en éléments historiques. Pour l’information continue, je suis zéro, je n’excelle qu’en récits de jadis et de naguère, en faits revisités, synthèses et analyses après-coup. J’ai l’esprit de l’escalier – c’est de famille – et mon escalier est bâti en colimaçon, ce qui explique le léger tournis qui m’affecte parfois et propulse mes dires et propos dans une déconcertante trajectoire spiralée.)

Moi, réfléchie ? La plupart du temps, je ne réfléchis pas. J’attends qu’un sursaut se produise en moi et je suis l’impulsion du moment pour sortir du sac de nœuds de mes dilemmes. C’est comme ça que je me suis fait une réputation de fille sage, parce que j’évite de sursauter tous les jours. Mais, pendant que je ne réfléchis pas, j’ai l’air très songée, et je laisse mon esprit vaquer pour qu’il ne s’ennuie pas… Il y a des personnes passives-agressives, moi je suis passive-impulsive.

Pourtant, pourtant, nous sommes faites l’une pour l’autre, j’ai cessé de compter nos points communs. Par exemple, nos prunelles viennent d’elles-mêmes se placer à la même hauteur, nous permettant ainsi d’éterniser nos tête-à-tête. Seule contrainte, lorsque nous sommes debout : Pascale doit se hausser sur la pointe des pieds pour compenser son déficit de trois centimètres. Sinon, en temps normal, ce déphasage s’atténue vers le bas et nos talons touchent le plancher du même aplomb. Tant de similitudes, tant d’affinités ne peuvent être sans significations. Pour le reste des décalages anatomiques, on s’arrange pour que coïncide ce qu’il faut quand il le faut.

Tout baignait, lubrifié par la sainte huile de l’extase tandis qu’un soleil estival chauffait le sang qui bouillonnait dans mes veines. Je transformais tout en bonheur et en euphorie radieuse – le ciel bleu et blanc, le vent sur ma nuque, l’herbe jaune des champs ou encore la lumière du matin, du midi et du soir ; même la nuit noire sourdait et s’embrasait de félicité. Surtout, partout et toujours, bulle d’hélium qui métamorphosa ma cervelle en une montgolfière ronde et légère, oscillant tout là-haut parmi les cumulus de beau temps, il y avait Pascale, Pascale et mon amour pour elle, Pascale tout entière, Pascale et ses yeux noirs, ses bras, ses cheveux, ses étreintes.

Que faire quand il pleut, sinon ouvrir son journal intime et écrire : « Il pleut. »

D’anciennes observations s’avèrent encore valables ; ainsi, la saveur des gouttes de pluie, différente selon que je les happe bouche ouverte ou qu’elles coulent sur mes cheveux et mon visage avant d’atteindre mes lèvres. Le vent, tout à coup, me postillonne dans la figure ; une giclée imprévue me glace les reins. De lourdes gouttes, taons dodus, s’éparpillent en éclats sitôt qu’elles s’écrasent sur ma peau, remplacées bientôt par les piqûres de milliers de minuscules gouttelettes.

C’est la première fois que je prends une douche sous la pluie et il n’était peut-être pas nécessaire de prolonger l’expérience jusqu’à risquer l’hypothermie.


Le programme de la journée se résumait à peu de choses : partir du point A, me rendre au point C en passant par le point B. Arrivée en bout de course, rien ne m’obligeait à revenir tout de suite au point A. Rien non plus ne me contraignait à privilégier la ligne droite à l’aller comme au retour. J’étais en vacances, l’accent circonflexe du verbe flâner m’avait toujours semblé viser quelque inaccessible nirvana. Il n’y a que les forçats des loisirs pour se sentir redevables de chaque seconde de leur temps.

Carpe diem qu’ils disent, ces stakhavonistes de l’épicurisme. Au diable ! Je ne carpe rien du tout, trop fatiguant, je préfère laisser s’enfuir le temps ; il passe et s’échappe très bien sans nous. Qui donc aurait l’audace de prétendre être en position de le retenir ou de l’accélérer ? Laissons le temps couler, et même s’écouler, de lui-même. Moi, je me la coule douce.


vendredi 14 janvier 2022

Ligne de grains se réchauffe


T
iens, mon éditrice a revu la couverture de Ligne de grains. Une teinte chaude convient mieux à un roman dont l'action se passe en été, je crois. Proposition adoptée !
Lien vers les autres articles du blogue sur le roman.

En librairie : 8 juin 2022
Collection « Vertiges »
ISBN 978-2-89699-744-2
Les Éditions L’Interligne, Ottawa
communication@interligne.ca
interligne.ca



Extrait 


« [...] quand j’observe ma blonde à son insu, alors qu’elle lit ou vaque à ses affaires ; son visage, ses gestes me semblent trahir une vie intérieure d’une qualité hors de ma portée.

— La pire des choses à faire dans ces situations, c’est de demander : À quoi tu penses ?

— Le pire serait qu’elle me l’apprenne ! La plupart des gens on le tact de répondre : À rien. Il n’y a pas assez d’humains sur terre pour contenir toute la vie intérieure que chacun devine chez autrui. Paradoxe de l’humanité : plein comme un œuf vue du dehors, coquille vide considérée du dedans.

— Et tout le monde s’imagine être la seule coquille vide de l’Univers. »

Quatrième de couverture


Une « ligne de grains » est une bande d’orages à l’avant d’un front froid. Mais ça peut être toute autre chose.

Delphie, âgée de 18 ans, assiste au lancement du recueil Ligne de grains et tombe sous le charme de Pascale, la violoniste engagée pour l’occasion ; un écart de celle-ci hors de sa partition allume la suspicion d’une spectatrice. Tout se complique et se déglingue, les couples deviennent solubles et la folie tient la barre.

D’abord illustrateur, Henri Lessard s’est converti à la littérature. Il a publié le recueil de nouvelles Grève des anges à L’Interligne en 2019.


jeudi 28 octobre 2021

Ligne de grains

Une « ligne de grains » est une bande d’orages à l’avant d’un front froid. Mais ça peut être toute autre chose.

Delphie, âgée de 18 ans, assiste au lancement du recueil Ligne de grains et tombe sous le charme de Pascale, la violoniste engagée pour l’occasion ; un écart de celle-ci hors de sa partition allume la suspicion d’une spectatrice. Tout se complique et se déglingue, les couples deviennent solubles et la folie tient la barre.

D’abord illustrateur, Henri Lessard s’est converti à la littérature. Il a publié le recueil de nouvelles Grève des anges à L’Interligne en 2019.

(Version longue du texte de présentation ici.)

En librairie : 8 juin 2022

Collection « Vertiges »

ISBN 978-2-89699-744-2

Les Éditions L’Interligne, Ottawa

communication@interligne.ca

interligne.ca

jeudi 7 octobre 2021

Ligne de grains


Bientôt, dans les meilleures librairies (et les autres, qu'il ne faut pas décourager) :

Ligne de grains. Roman

Auteur : Henri Lessard
Collection : « Vertiges »
ISBN : 978-2-89699-744-2
Parution : printemps 2022.


Résumé

Une ligne de grains est une bande d’orages qui se développe à l’avant d’un front froid. Mais ça peut être toute autre chose.

Delphie, 18 ans, retrouve sa tante Caroline qu’elle n’a pas vue depuis deux lustres ; elle se découvre du même coup une cousine qui n’en est pas une, Pascale, violoniste virtuose qui, à l’occasion, n’a pas de scrupule à s’écarter de la partition. Gravitent dans les parages un éditeur sourd, un poète modeste – ça existe ! –, une Haute-Dame qui veille au grain (of course), un œnologue en herbe et sa sœur, le propriétaire d’un café, un bonhomme connu sous le nom de… Bonhomme, une mère Noëlle, des motoneiges en été et, pour clore cette énumération, une émeute nocturne. Sans oublier des lignes de grains, dont une vraie, dans le sens météorologique de l’expression.

Nous sommes prévenus dès le début de l’intrigue : « C’est une histoire compliquée... » L’action se passe à Lac-des-Hauts, village (fictif) de la Haute-Gatineau.

Ligne de grains conquiert d’emblée. Le style est brillant, très drôle, nourri de réflexions intelligentes et originales sur la vie et la société. Les dialogues sont amusants, tout le monde ou presque ayant de l’esprit. Le monologue intérieur débouche parfois sur des formules profondes : « Seule, tu seras libre ; libre, je serai seule. » Le texte brosse aussi un portrait satirique du politiquement correct et des intrigues des petites communautés.


À propos de mon précédent titre, Grève des anges. Nouvelles, paru en 2019 aux Éditions L’Interligne, suivre ce lien.


dimanche 19 juillet 2020

Luminaires ou Souvenir de jeunesse

Henri Lessard © CopyrightDepot.com no 00072068




(Extrait de Ligne de grains, roman à paraître aux Éditions L'Interligne.)

Il y avait Agathe, Béatrice, Charles et moi.

Et il y avait, tapis sous la nuit sans limites, la forêt brossée par le vent, la plaine posée en biseau, le souffle froid des marécages et, tout près, du moins le pensions-nous, l’un des quatre coins de notre monde bosselé, là où le circuit du voyageur tâtonnant et trébuchant se termine dans le vide.

Mais le monde est un globe. Sur ce point, nous pouvions être rassurés, rien n’empêchait de le parcourir et de s’y perdre à jamais.

Le fait était que nous étions perdus.

Un court périple, bouclé avant le crépuscule, avions-nous pensé.

Fallait-il prendre le chemin à gauche ou tourner à droite ? Plus loin, la même question se poserait, encore et encore.

La carte des chemins et des sentiers que nous avions prise au refuge ne nous servait à rien. La pleine lune, surgie de derrière les arbres, arrivait tout juste à extraire de ce carré de papier une tache laiteuse, aux contours flous.

Aucun de nous ne fumait. Nulle allumette donc, aucun briquet non plus.

— On campe ici jusqu’au lever du jour ? dit Charles.

Anticipant les heures frileuses qui nous séparaient de l’aube lointaine, Agathe m’entoura de ses bras :

— Il nous faudrait un réflecteur, une surface réfléchissante, comme en photographie, dit-elle d’une voix ténue, tandis que la lune se recroquevillait d’autant plus sur elle-même qu’elle s’élevait au-dessus de l’horizon.

Si nos visages étaient du même papier que la carte, nos couleurs – t-shirt rouge vin, gilet vert forêt, chemise indigo – disparaissaient sous la même couche d’encre de Chine.

— Je peux fournir la surface réfléchissante, dit Béatrice.

L’éclairage le plus pâlot suffit à certains constats. Béatrice avait enlevé son chandail et s’apprêtait à dégrafer son soutien-gorge.

Elle m’ôta la carte des mains et se campa au milieu du sentier. Là, dans la clarté lunaire – qui, tout à coup, parut couler d’abondance –, Béatrice orienta la feuille de façon à ce qu’elle reçoive à la fois le rayonnement de l’astre et son reflet réverbéré par sa poitrine – qu’elle avait ferme et rebondie.

En retour, le papier rendait la pareille au sein tout proche, et l’éclairait. Joli cercle vertueux…

— J’y vois un peu, dit Charles qui, s’étant placé à droite de Béatrice pour ne pas faire ombre, inclinait le cou pour lire la carte.

La pointe du sein – Agathe et moi avons pu le constater par-dessus l’épaule gauche de Béatrice – indiquait d’ailleurs la direction à prendre.

La lumière salvatrice sourdait de deux globes d’un albâtre translucide. De la taille jusqu’à la racine des cheveux, Béatrice, éclaboussée de blanc, resplendissait, nimbée d’une lueur fantomatique, et il était curieux que la personne la mieux visible de nous quatre soit aussi la plus irréelle.


*

Une demi-heure plus tard, cette ronde fourvoyée touchait à son terme et nous étions de retour au refuge.

— Objectivement, me dit Agathe, il faut avouer que je n’aurais pas pu rendre d’aussi bons services…

La survie de notre relation dépendait de ma présence d’esprit :

— L'éclairage public, répondis-je, c’est bien, c’est utile, mais je préfère les luminaires intimes, plus modestes, plus discrets, et la tendre lumière qu’ils dispensent.