PAGE SÈCHE et ENCRE SYMPATHIQUE

Balourd 10, que ne rebute pas l'emploi de l'encre sympathique, n'entretient pas pour autant la phobie de la page blanche. (Une encre sympathique devient invisible en séch

lundi 26 décembre 2016

Que dire du e muet ?


Réconciliation finale des deux genres : la question du e muet

Les mots entre [crochets] sont transcrits phonétiquement. Il est donc inutile de me signaler mes [fôte] :
  • En italique, à l'intérieur d'un mot : consonne ou voyelle faible, ou peu accentuée ;
  • En gras : consonne forte, accentuée.

En français, contrairement à ce que l'orthographe suggère, c'est souvent le masculin qui se signale par un e muet à la fin d'un mot.

Notre orthographe masque le phénomène, étant purement conventionnelle et en partie indépendante de la prononciation.

Un Martien frais débarqué sur Terre, contraint d'apprendre le français par oreille (en admettant que les Martiens aient des oreilles), conclurait vite que, dans notre langue, les formes féminines des noms et des adjectifs se concluent par une finale beaucoup plus énergique et sonore que leurs équivalentes masculines.

Nous sommes devenus insensibles à ce phénomène banal qui se vérifie pourtant des millions de fois par jour. On nous dit que le féminin se caractérise par un e final muet et nous allons répétant cette ineptie comme une vérité évidente sans même penser à écouter.

Exemple : l'adjectif «vif», qui donne «vive» au féminin. On dira : Un homme [vif] et Une femme [vive].

Le f final de «vif» est à peine soufflé alors que le second v de «vive» est clairement émis.

Autre exemple : «fort» et «forte». La forme masculine est atone. La forme féminine est tonifiée par l'obligation de rendre t final. En fait, on prononce «Un homme [fore]» et «Une femme [fort]». C'est au masculin que, souvent, un e muet final discret se fait sentir.

Voyons «chanteur» et «chanteuse», prononcés [chanteur] et [chanteuze]. C'est toute la syllabe finale qui, du masculin au féminin, passe d'un ton faible à un ton énergique. Prononcez ces deux mots à voix haute et constatez la diférence de ton entre le «eu» de «chanteur» et celui de «chanteuse».

Maintenant que vous avez compris le principe, voici l'«auteure». (Oublions pour faire court ses innombrables confrères, pardon, consœurs : docteure, gouverneure, noceure, etc.)

Si on suit la logique interne du français, il faudrait un terme masculin atone ( [oteur] ) et un féminin sonore ( [oteuze] ). La forme «auteure» est un un hybride, une sorte de monstre qui va l'encontre de toutes les habitudes d'articulation des francophones : au lieu de passer, au masculin, d'une consonne faible ( [r] ) à une consomme forte ( [z] ) au féminin, on conserve la forme masculine en y ajoutant machinalement un e muet.

Ce qui nous fait trébucher sur ce traite r pour émettre ensuite un «euh» final pas très élégant : [auteu-reuh].

La fonction du e muet est d'accentuer la consonne finale, occultée au masculin, pour lui conférer, au féminin, une présence plus énergique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire