PAGE SÈCHE et ENCRE SYMPATHIQUE

Balourd 10, que ne rebute pas l'emploi de l'encre sympathique, n'entretient pas pour autant la phobie de la page blanche. (Une encre sympathique devient invisible en séch

dimanche 20 mai 2012

NOUVEAU MESSAGE


Parlons de Solange

Grâce à «Solange te parle québécois», nous avons appris à départager entre ce qui revient à l'individu et à la collectivité.

Une Québécoise, par exemple, peut se colorer les cheveux en bleu, trouer sa peau de mille piercings, couvrir son épiderme de tatouages, se payer un nouveau nez ou subir une augmentation mammaire sans que ces changements n'altèrent en rien sa qualité de Québécoise.

Même, la Québécoise en question aurait pu jadis être un Québécois. 

Nous comprenons que ces métamorphoses n'auraient en rien touché la nature profonde de son être, mieux, elles auraient contribué à l'exprimer, à la rendre manifeste, chacune étant une affirmation de l'imprescriptible liberté de l'individu de se réaliser et de disposer de son corps.

Par contre, si notre Québécoise change son accent, elle trahit sa patrie.

Autrement dit, si, dans nos sociétés, l'individu a été «privatisé» au point que chacun peut faire joujou avec son corps comme il l'entend, les Québécois restent squattés par un «organe collectif» impalpable, l'accent. Ils se doivent mutuellement des comptes sur son utilisation et son entretien.

Nous conclurons provisoirement ce billet par l'annonce d'un prochain texte que je ne vous promets cependant pas de pondre et qui sera une sorte de préface à un éventuel Traité du zen et de l'entretien de son accent.


Ajout 17 juin 2012. – Pour répondre à une demande d'éclaircissement (ça me semble clair pourtant) :
  • Puisque les gens sont libre de choisir/changer leur opinion politique, leur religion, leur visage, leur apparence physique, leur orientation sexuelle, leur sexe même, en quoi un changement d'accent est-il si choquant ? 

4 commentaires:

  1. Excellent point de vue sur le sujet. L'accent est aux québécois ce que les binnes aux pets.

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  2. Désolé, mais la langue ne peut se comparer au sexe, au code vestimentaire ou à la couleur des cheveux d'un individu. Le québécois et ses multiples accents (Montréal, Saguenay, Gaspésie, Québec) sont au cœur de notre identité. Lorsqu'on choisi intentionnellement de perdre cet accent, il faut assumer qu'une partie de notre identité est perdue aussi.

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    1. Vous n'admettriez pas que vos voisins vous fassent des remontrances sur vos choix de styles de vie (allure, orientation sexuelle, etc.), et vous auriez raison. Par contre, vous hésiteriez à modifier votre accent, de peur du rejet qui s'ensuivrait.

      Je trouve le fait très intéressant.

      Bref, on admet que la marge de manœuvre d'un individu quant à ses choix est très large, qu'une personne est propriétaire de sa personne à 100 %, l'accent excepté, qui doit rester propriété collective.

      J'admets que je fais un peu exprès de ne pas voir où est le «problème». C'est peut-être parce que je n'en fais pas un drame, de ce «problème».

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  3. Je suis arrivé ici par la page Facebook de Solange te Parle. Je me permets de copier ici e commentaire que j'y ai laissé.


    J'ai habité pendant 10 ans à Montréal. Je me suis complètement immergé dans la ville, mais aussi dans le pays (le Québec) et dans sa culture. Pendant ces 10 ans, j'ai voulu en savoir le plus possible sur ma terre d'adoption. Je ne me suis pas arrêté aux Cowboys Fringants. J'ai découvert les Colocs, Richard Desjardins, Vigneault et tant d'autres. Inutiles de tous les nommer. J'ai appris son histoire, son humour et sa politique. J'ai fait du Québec mon pays, allant jusqu'à prêter serment à une vieille femme sans signification pour avoir le droit de vote... je me suis intégré, imprégné. Mes références, ma culture et tout le reste est québécoise. Mes expressions sont rendues québécoises. Je ne jure plus. Je sacre. "Asti" me paraît beaucoup plus naturel et significatif que "merde" ou "putain".

    Et pourtant... en dix ans, je n'ai jamais perdu mon accent français. A chaque fois que j'ai rencontré de nouvelles personnes à Montréal, l'une de leur première question était "d'où viens tu ?". Ma réponse "Montréal", entraînait toujours un mouvement de surprise de leur part, et il me fallait expliquer pendant longtemps. Ça ne suffisait pas. À cause d'un accent, je suis toujours resté français. Je peux citer François Pérusse ou Louis Josée Houde, je sais très bien quelle phrase s'en vient après 2546011 (numéro de téléphone à lire en anglais, ça devrait vous aider à trouver). Je sais que le Romano Fafard nous sauvera tous et que les gens du 514 aime bien se moquer du 450.

    Donc oui, en effet, je peux confirmer qu'un individu peut se retrouver résumé à son seul accent, quelque soit ce qui se cache en arrière. De la même façon, les français continuent à me parler de ces émissions de télé dont je n'ai jamais entendues parler, et ne comprennent pas quand je leur explique c'est Wilfred qui a gagné la première Starac...

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