PAGE SÈCHE et ENCRE SYMPATHIQUE

Balourd 10, que ne rebute pas l'emploi de l'encre sympathique, n'entretient pas pour autant la phobie de la page blanche. (Une encre sympathique devient invisible en séch

lundi 23 novembre 2009

C'EST PAS MOI QUI L'AI DIT

Admirations

Billet remis en page et retouché le 22 janv. 2022.

On demande parfois aux gens quelles sont les figures historiques qu’ils admirent le plus (supposant sans doute que chacun entretient une galerie de héros bien étiquetés dans sa tête). Personne ne m’a jamais interrogé, mais comme je n’aurais sans doute pas su quoi répondre, c’est heureux pour moi. Dans le cas où la chose surviendrait, je répare de suite cette lacune et mon manque appréhendé d’esprit d’à-propos.

3e position

Pyrrhus Ier (v. 318-272 av. J.-C.), roi d’Épire

Après une victoire couteuse en hommes contre les Romains, il aurait déclaré :
Une autre victoire comme celle-là et nous sommes perdus (1).

Pyrrhus n’a pas inventé le Think Positive. Mais déjà, être roi « des Pires », avouez…

2e position

Oliver Cromwell (1599-1658), lord-protecteur du Commonwealth d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande

Au terme de la guerre civile anglaise qu'il avait remportée, une foule en liesse descendit dans les rues acclamer Oliver Cromwell à son entrée à Londres. Comme l'enthousiasme général lui valait les félicitations de ses lieutenants, Cromwell, pas plus impressionné, leur aurait rétorqué :
Ils seraient encore plus nombreux à venir me voir pendre (2).

Phrase que tout politicien au faîte de sa popularité ferait bien de méditer (3)…

Première position

Constance Chlore (v. 250-306), empereur romain

Après un carrière militaire et politique dont nous nous fichons, a réalisé un recyclage unique dans l’Histoire en devenant en 1966 Constance Chlore, amie et confidente de Bérénice Einberg, personnage du roman L’Avalée des avalés de Réjean Ducharme. Rôle moins belliqueux et moins majestueux, certes, mais beaucoup plus fait pour attirer la sympathique (4).
Cet empereur ne semble avoir laissé aucune déclaration digne de passer à l’Histoire.

Constance Chlore a été le père de Constantin, premier empereur romain chrétien, ce qui n’apporte pas vraiment d’huile à notre lanterne.

Ajout (23 juillet 2023)

À propos de Constance, j’ai lu ceci en 1991, plusieurs années après avoir lu Ducharme, sans relever ce passage qui ne me saute aux yeux que trente ans plus tard. Ducharme avait peut-être puisé son inspiration chez Barbey d’Aurevilly – ou alors il aura lu Gibbon :

La comtesse du Tremblay de Stasseville était une femme de quarante ans, d’une très faible santé, pâle et mince, mais d’un mince et d’un pâle que je n’ai vus qu’à elle. […] Sa pâleur teintée de soufre était maladive.
Elle se fût nommée Constance, – disait Mlle Ernestine de Beaumont, qui ramassait des épigrammes jusque dans Gibbon, – qu’on eût pu l’appeler Constance Chlore.

Jules Barbey d’Aurevilly, « Dessous de cartes d’une partie de whist », dans Les Diaboliques.

Ce qui prouve qu’il ne suffit pas de lire, il faut aussi relire.

. . .

(1) De mémoire ; la citation exacte est celle-ci : « Si nous devons remporter une autre victoire sur les Romains, nous sommes perdus. » C’est l’origine de l’expression « remporter une victoire à la Pyrrhus ».
(2) De mémoire encore ; la citation exacte semble être plutôt celle-ci : « Ne vous laissez pas prendre aux acclamations, car lorsqu’il s’agira de pendre l’un ou l’autre d’entre nous, les mêmes drôles seront encore là ! » Voir : http://www.herodote.net/citations/citations.php?nom=Cromwell. Mais je préfère ma version, plus lapidaire.
(3) Nos récents déboulonnés pourraient en dire long là-dessus ! (Ajout, 18 janv. 2022.)
(4) J’aimerais comprendre. Et on ne peut plus interroger Ducharme. (Cette dernière phrase, ajout 18 janv. 2022.)

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