PAGE SÈCHE et ENCRE SYMPATHIQUE

Balourd 10, que ne rebute pas l'emploi de l'encre sympathique, n'entretient pas pour autant la phobie de la page blanche. (Une encre sympathique devient invisible en séch

jeudi 18 avril 2013

NOUVEAU MESSAGE


Les points sur les i ne suffisent pas toujours.

Camille Saint-Saëns n'avait sûrement pas prévu le traitement que la typographie moderne réservait à son nom.

L'auteur de cet article (image), visiblement embêté par le ë qu'il ne savait comment rendre, s'est contenté d'indiquer entre parenthèses qu'il fallait un tréma sur le lettre qui les précédait.

La rédaction du journal n'a visiblement pas donné suite à ses instructions.






mercredi 10 avril 2013

Fiction

Honneur au tricheur


1) Les faits

Un expert accusé de contrefaçon de grands crus
Sebastian SMITH, Agence France-Presse, New York

«Un célèbre collectionneur de vins [Rudy Kurniawan, 36 ans], longtemps considéré comme un grand expert aux États-Unis, a comparu mercredi à New York, accusé d'avoir contrefait et vendu pendant des années des grands crus français qui n'en étaient pas.

[...]

Mais son expertise cachait une fâcheuse propension à mettre des vins bon marché dans des bouteilles portant les étiquettes de vins français légendaires, Bordeaux et Bourgogne, lors d'un trafic qui a duré de 2004 à 2012.»



2) La fiction

Extrait d'un roman à paraître (?), Ligne de grains, de votre serviteur (qui avait tout prévu) :Protagonistes : Claude, étudiant en hôtellerie ; Dolomie (ou Dominique, comme tout le monde), la narratrice, voisine de circonstance, totalement ignorante en oenologie, mais qui, mine de rien, ne s'en laisse pas compter.

Claude débouche une bouteille et remplit deux coupes.
— Alors ?
Il attend mon verdict.
— Bien… robe sombre et chatoyante, dis-je, levant ma coupe pour juger des reflets du vin à la lumière du plafonnier. Question goût, il me semble plus que convenable, un peu acre peut-être. Ne m’en demande pas plus…
Il applaudit :
— La vérité, c’est que je t’ai menée en bateau ; je suis invité à un party et on m’a confié la responsabilité de choisir les vins. J’ai remplacé les grands crus que contenaient ces bouteilles par des vins moyens. Pas de la bibine, tu peux boire de confiance, mais rien d’extraordinaire. Ils n’y verront que du feu et j’aurai quand même fait leur éducation : ils sauront quelles étiquettes choisir à l’avenir. Avec le temps, leur goût se formera. En attendant, ne jetons pas des perles aux pourceaux. Le bon vin, je l’ai transvasé dans d’autres bouteilles.
— Si jamais tu ouvres un restaurant, j’apporterai mon propre vin, d’accord ?

On remarque ici, au passage que j'ai mis en gras, un souci pédagogique qui fait honneur au tricheur (d'où le titre de ce billet).


Ajout (12 juin 2013)

Vraiment, ça n'en finit pas, je suis un précurseur à un point que je n'imaginais pas : «Il vendait du vin bas de gamme au prix des grands crus» (Alexandre Bassette, Le Figaro, 12 juin 2013).

Ajout (18 déc. 2013)
Une suite à la suite : «Rudy Kurniawan, ses faux grands crus, ses millions et sa chute» (Anaïs Giroux avec AFP, L'Express, 18 déc. 2013).